Prison Beaulieu

Robert du Mont nous apprend qu'il y fonda cette année même (1161), comme dans plusieurs autres villes, un hôpital, ou mieux une maladrerie ; on donnait ce nom et aussi celui de léproserie aux établissements où l'on plaçait les malheureux atteints de la lèpre. Leur nombre avait partout augmenté dans une proportion considérable depuis la Croisade.

A Caen, les hôpitaux fondés par Guillaume et par Mathilde étaient insuffisants, ou plutôt on regardait comme dangereux d'y placer ceux qui étaient atteints de cette contagion.

Henri fit donc construire à Caen pour les lépreux un hôpital que Robert du Mont appelle magnifique et auquel on donna le nom de Beaulieu à cause du bel emplacement où il fut élevé. A sa place on voit aujourd'hui une vaste maison centrale de détention ; il ne reste plus des édifices primitifs que les débris de la chapelle.

La léproserie de Beaulieu fut largement dotée et reniée. Henri II y établit des frères hospitaliers; il créa pour elle la foire de Saint-Simon et Saint-Jude, qui se tient encore tous les ans à cette époque dans les champs les plus voisins de la chapelle et attenant aux murs du sud-ouest de la prison. La Maladrerie prélevait tous les impôts de cette foire ; le roi accorda en outre à cet hôpital un droit de colombier qui se maintint jusqu'au XVIe siècle.

Ces ressources servaient à entretenir ceux des lépreux que l'on pouvait appeler lépreux du roi, lépreux royaux; puisque, d'une part, on n'admettait dans l'établissement que des malades habitant la partie de la ville qui relevait du domaine royal, et que, de l'autre, ils devaient à la générosité royale leur place dans l'hospice. Plus tard on y reçut des lépreux d'autres parties de la ville; une charte du XIIIe siècle nous apprend qu'un Nicolas Le Carpentier fait don à Beaulieu d'une rente de blé, à condition qu'on y recevra des lépreux du Bourg-l'Abbé, quoique ce faubourg eût sa petite léproserie, et qu'on les y traitera comme les lépreux du bourg du seigneur-roi. Enfin, de nombreuses donations sont faites par plusieurs personnes pour admettre à la Maladrerie d'autres lépreux à côté de ceux qui étaient de prébende royale. Il n'est pas étonnant qu'après l'expulsion des Plantagenêts et après le retour de la Normandie à la France, la ville se soit substituée aux rois-ducs. Ceux-ci disparaissant, les habitants de Caen restaient les principaux bienfaiteurs de Beaulieu; aussi l'administration municipale, outre qu'elle prit la direction de cet hôpital, s'arrogea le droit de patronage à la cure de ce lieu, et elle l'a conservé jusqu'à ce moment où la cure et l'hôpital lui-même ont disparu, jusqu'aux premiers jours de la révolution.

Source : Histoire de la ville de Caen par Barthélemy Pont 1866.

M. Diey lit un mémoire sur la maison centrale de détention de Beaulieu, dont il est le directeur depuis plusieurs années. Cette vaste prison, destinée à renfermer i5 à 1600 détenus , est située près de Caen, dans la position la plus saine. Notre collègue décrit d'abord les bâtiments, dont une grande partie est consacrée à des salles de travail, à des réfectoires et à des dortoirs. Les prisonniers n'habitent pas la nuit les corps de logis où ils ont travaillé le jour. M. Diey entre ensuite dans de grands détails sur le régime de la maison, sur les occupations des détenus et sur les soins paternels que l'on prend pour adoucir leur sort : bien vêtus et convenablement nourris , ils sont encouragés par le salaire qui leur revient et qui se monte aux deux tiers de leur travail , dont moitié est mise en réserve jusqu'à leur sortie de prison. Ainsi, en rentrant dans la société , loin d'être dénués de ressources pécuniaires, ils ont des moyens d'existence. D'ailleurs ceux qui n'ont point d'état en apprennent un à Beaulieu, et tous y contractent l'habitude du travail. M. Diey, après avoir indiqué les améliorations que cet établissement a éprouvées depuis qu'il est confié à ses soins, compare d'une manière générale les maisons de détention de France avec celles des Etats-Unis. Celles-ci ont, selon lui, été trop vantées, et il s'attache à prouver par des faits que les établissements formés en France, et particulièrement celui de Beaulieu, sont préférables sous beaucoup de rapports même à celui d'Auburn. Il pense que nous avons un bon système pénitentiaire, qui a l'avantage d'être parfaitement en rapport avec nos mœurs et notre législation.

Source : Précis des travaux par Société d'agriculture et de commerce de Caen 1836.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 11997
  • item : Prison Beaulieu
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Caen
  • Adresse : rue du Général-Moulin
  • Code INSEE commune : 14118
  • Code postal de la commune : 14000
  • Ordre dans la liste : 77
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : prison
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 19e siècle
    • 1ère moitié 19e siècle
  • Années :
    • 1820
    • 1830
  • Date de protection : 1975/10/29 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Un élément répertorié fait l'objet d'une protection : BATIMENT
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de l'etat 1992
  • Détails : Bâtiment du 19e siècle (cad. BY 36) : inscription par arrêté du 29 octobre 1975
  • Référence Mérimée : PA00111193

photo : Roi Dagobert