photo : michel
Je joins ensemble Les Chapelles de Saint Marc, de Sainte Paix, et de Notre-Dame de la Fontaine, quoique la dernière soit fort différente des deux autres et que les deux premières soient la même chose. Je le fais, parce que le titre de la première Chapelle a passé dans la dernière, Car je recueille des mémoires qui m'ont été communiqué, que Notre-Dame de la Fontaine était la Paroisse de ce petit territoire, qui relevé de la Baronie d'Argences, et que l'église de Sainte Paix de Toussaints fut bâtie par le Duc Guillaume, après le Concile qu'il fit tenir à Caen, en mémoire des Saintes Reliques qui y avaient reposé et principalement de celles de Saint-Oüen, en l'honneur duquel on fit une Chapelle dans cette église, qui est la même que celle de Saint Marc, Les Protestants la ruinèrent en l'année 1562 ; et pour conserver la mémoire de sa fondation, on transféra ce titre en l'église de Notre-Dame de la Fontaine, qui était la Paroisse ; et même la solennité et l'office de Saint Oüen.
Le chœur de la Chapelle de Saint Marc fut rétabli il y a environ trente ans par la libéralité d'un bourgeois de Saint Estienne de Caen, qui laissa par son testament une somme de mille livres pour la réparer : ce qui fut exécuté. Les Religieux de Fécamp en confèrent le titre de plein droit, et depuis quelques années les Curez de Sainte Paix en ont été titulaires. Le lendemain du jour de la Saint Marc, le Curé de Sainte Paix dit une Messe solennelle dans cette Chapelle, Et le jour même de la fête, quelque Paroisses de la Ville y viennent en procession. Elles y venaient toutes ensemble autrefois , mais les différents des Paroisses pour le rang, ont interrompu cet usage.
Source :
Cette chapelle ne comprend plus à l'heure actuelle qu'un chœur et une abside en piètre état de conservation. Son intérêt premier réside dans le décor sculpté, bases et chapiteaux de l'arcature basse, qui l'orne intérieurement, encadrement des fenêtres, plaque accrochée au mur de l'abside. Nous aurons l'occasion de faire référence à ces œuvres qui sont issues d'un atelier très proche de celui de l'Abbaye-aux-Dames et qui authentifient nombre de traits du décor de la Trinité rendus douteux psr les restaurations du XIXe siècle. Sainte-Paix fut fondée en commémoration de l'un des conciles qui tentèrent d'établir la Paix de Dieu en Normandie, celui de 1061 qui formula divers règlements relatifs à la paix publique et fut selon toute vraisemblance l’occasion d'un renouvellement du serment de respect de la trêve et de et de la création de cette chapelle. Comme souligne monsieur de Bouard (Sur les origine: de la trêve de Dieu en Nomanrdie, A. de Normandie. 1959. P. 172, suite de le note 12 de la page 171) le terme de prius employé dans le Cartulaire de Préaux (Archives de l'Eure H 711 f° 98) suppose l'existence d'assemblés postérieures à celle de 1047 (ou 1042) et ayant le même but. Voir H. Hoffman, Gottesfriede und Treuga Dei, Stuttgart 1964, qui montre l'existence de deux conciles de la Paix respectivement en 1042-43 et 1061. La modénature et le type des sculptures de Sainte-Paix correspondent bien aux années 1070-1080 et il n'y à pas lieu de douter de la relation entre cet édifice et le date de 1061, relation d'ailleurs adoptée par l'historiographie traditionnelle depuis le XIIe siècle (Wace, Rou, éditons Andresen vers 5363-5416, situe sa fondation entre celle des abbayes caennaises et la conquête de 1066).
Source : La Trinite de Caen par A. de Caumont 1870.