photo : michel
L'église de Quilly offre un parallélogramme sur l'un des côtés duquel on a accolé une tour et une sacristie.
La tour est la partie la plus ancienne ; elle appartient au style roman, elle est couronnée d'une pyramide en pierre à quatre pans assez élevée. percée d'une lucarne sur chaque face, et qui doit être moins ancienne que la tour. La partie inférieure de celle-ci est masquée en partie par un contrefort très-saillant ; il a pour but de consolider le mur dans lequel on voit une lézarde assez considérable. Il est douteux que les travaux faits tout récemment par les soins de M. Le Normand, maire de Quilly, puissent arrêter complètement le mal, et l'on doit toujours conserver quelques craintes sur la conservation de cette tour.
On y voit à une certaine hauteur un petit bas-relief que voici, et qui représente le Sauveur assis sur une espèce de trône orné d'arcades, la tète ceinte du nimbe crucifère, la main élevée , comme on le trouve dans la plupart des monuments du XIIe. siècle , notamment dans les tympans des portes.
Le chœur appartient au premier style ogival; le chevet était percé de trois lancettes.
L'arc qui sépare le chœur de la nef a son archivolte décorée de zigzags et de fleurons et, comme la tour, appartient au style roman.
Près de cet arc sont deux petits autels. L'inscription suivante se lit à côté de l'un d'eux:
CI GIST ALEXANDRE LE CARPENTIER
VIVANT BOURGEOIS DE ROUEN LEQUEL
A FAIT FAIRE A SES FRAIS CET AUTEL
SOUS L'INVOCATION DE SAINT JACQUES APOTRE ET
SAINT ALEXANDRE P.P. ET A DONNÉ 5 ACRES 1/2
DE TERRE SISE A CAILLOUET AFFERMÉE
PAR AN POUR UN OBIT CÉLÉBRÉ PAR
6 PRÊTRES , LE JOUR DE SON DÉCÈS ET
UNE MESSE LA SEMAINE PAR TEL Ptre.
QUE MAD. DE LOURAILLE ET SES SUCCESSEURS
NOMMERONT ET LA TOMBE GRAVÉE DE SON NOM
SERA PLACÉE PROCHE L'AUTEL LIEU DE SA
SÉPULTURE SUIVANT LE CONTRAT PASSÉ
DEVANT FAUVEL NOTAIRE LE
DERNIER OCTORRE 1694 DÉCÉDÉ
LE 9 MAY 1696.
La nef a été refaite il y a plus d'un siècle, et l'on rapporte que dans les fondations qu'il fallut démolir pour reconstruire le nouvel édifice, on trouva des statues païennes , d'où l'on a conclu qu'il y avait un temple dans ce quartier : il me paraît plus probable qu'on y sculptait, sous la domination romaine , des statues pour lesquelles les carrières voisines fournissaient des blocs très-convenables et faciles à travailler.
L'église est sous l'invocation de Notre-Dame. L'abbaye de Barbery nommait à la cure et percevait les dîmes depuis l'an 1181.
On a trouvé, dans les champs qui avoisinent le cimetière, un certain nombre de cercueils en pierre; quelques uns renfermaient jusqu'à six têtes, ce qui prouve qu'on y avait successivement renfermé six personnes; les autres ne contenaient qu'un ou deux squelettes.
Source : Statistique monumentale du Calvados par Arcisse de Caumont 1850.