Manoir Balleroy

Manoir connu comme "maison de campagne" de la bourgeoisie caennaise.

Les origines

C'est aux premières années du XVIIe siècle, c'est-à-dire en l'an 1626, que l'on fait remonter le commencement des travaux du château de Balleroy. Jean de Choisi n'acheta pas, comme le prétend un écrivain, le fief de Balleroy, mais il lui advint en héritage du chef de sa femme Madelaine. Le Charron d'Ormeilles, dont il avait deux enfants, le comte Jean de Choisi et Madelaine de Choisi qui épousa, en avril 1622, Louis Lefèvre IIe du nom, seigneur de Caumartin, et mort deux ans après d'apoplexie, en partant en ambassade. Madelaine de Choisi n'eut qu'un fils de ce mariage : elle resta veuve et mit tout son bonheur à élever son fils Louis-François Le Févre de Caumartin, qui se maria plusieurs fois et eut jusqu'à dix enfants. Le huitième de ces enfants, Madelaine-Charlotte-Emilie Le Févre de Caumartin, épousa, le 8 mars 1693, Jacques de La Cour, seigneur de Manneville, chevalier de Malte. C'est ainsi que Jacques de La Cour, sire de Manneville, devint très proche parent et seul héritier de l'abbé de Choisi, et qu'il put en cette qualité, comme nous le verrons, clamer à droit lignage le château et la seigneurie de Balleroy, vendus par ledit abbé à la princesse de Brancas, duchesse de Harcourt. Mais n'anticipons pas sur les faits.

Jean de Choisi était secrétaire du roi Henri IV, et cette jean fonction le retenait souvent à la cour où il jouissait d'un très-grand crédit, tant auprès de Sa Majesté, qu'auprès de Marie de Médicis, régente du royaume, pendant la minorité de Louis XIII. Henri IV lui donna le fief de Beaumont-le-Bichard, au diocèse de Bayeux, et le créa baron. Le baron de Choisi en fit hommage lige à l'évêque de Bayeux, dont relevait ce fief seigneurial ; mais il vint bien peu habiter parmi nos ancêtres, à cause de ses fonctions de secrétaire du Roi. Une circonstance fortuite y amena son fils et le fixa dans notre pays dont il fut l'âme et la providence.

Ce jeune seigneur, connu sous le nom de comte de Choisi, était entré fort jeune encore dans la cabale de femmes et de jeunes gens sans expérience contre la Régente. Les hostilités se réduisirent à une guerre de plume, et le comte de Choisi fut envoyé dans ses terres (1614) pour y réfléchir sur l'instabilité des grandeurs humaines. Il vint d'abord à Beaumont-le-Richard, où il ne fit que passer ; puis il se fixa dans le manoir des Trexot qui se trouvait non loin de la ferme qu'habita la veuve Martin. Ce fut pendant ce séjour de quelques mois dans ce vieux manoir, qu'il conçut l'idée de bâtir le magnifique château qui fait tant aujourd'hui l'admiration des étrangers. Cependant il rentra en grâce, devint intendant de Metz, écuyer du duc d'Orléans et conseiller du Roi. A la mort de son père (1625) qui lui laissa une fortune immense, il entreprit les travaux de construction de son château, dans le site agréable et pittoresque qui l'avait tant charmé en 1614.

La construction

Il choisit les environs du lieu Verdier, comme le plus propre à ses desseins, et ce fut sur le flanc d'une colline dont les pieds sont baignés par la Drôme, à l'ouest d'une autre colline plus élevée, qu'il construisit ce château dont les proportions toutes princières rappellent une autre fortune et un autre siècle. Ce fut sur les dessins du célèbre Mansard, architecte de l'hôtel des Invalides à Paris, qu'on dirigea les travaux de sa construction Commencés sous le règne de Louis XIII, en 1626, ils ne furent terminés qu'en 1636, précisément deux ans avant la naissance de Louis XIV, dont Mansard devint le grand architecte. Le plafond qu'on y admire n'est pas dû, comme le prétend un écrivain, au pinceau de Le Moine, qui ne vint au monde qu'en 1668, mais il fut peint par Nicolas Mignard d'Avignon, qui excellait surtout dans le coloris.

« Nous avons remarqué, écrivait à la Convention nationale la commission préposée à la conservation des arts, le plafond du château de Balleroy, peint par Mignard, et nous avons admiré ses grandes beautés. Les peintures ont conservé leur fraîcheur et nous pouvons les regarder comme ce qu'il y a de mieux dans notre district. Malheureusement il ne nous est pas possible de faire parvenir cet objet dans notre dépôt. La couleur étant appliquée sur le plâtre, ce n'est que par le procédé délicat de quelque habile artiste qu'on pourrait parvenir à en opérer le transport. Vous seuls, citoyens, vous pouvez prendre à cet égard les mesures convenables. Quant à nous, nous nous acquittons de notre devoir en vous prévenant qu'il serait à désirer qu'un dépôt public pût être enrichi d'un morceau aussi précieux par la composition que par la couleur. » C'était, dit M. le président Pézet, appeler l'attention de l'autorité, et un moyen détourné de placer sous sa protection cet objet d'art dont elle donna longuement la description.

Ce beau plafond a été conservé intact. Il n'en fut pas ainsi du portrait de Louis XIV enfant et de celui du grand Condé, trouvés dans ce château. Le sceptre du premier avait été remplacé par une pique, et le bâton de maréchal du second, dont on barbouilla les fleurs de lis, était devenu une canne avec des glands.

Le château de Balleroy, composé d'un corps avancé et de deux ailes, présente deux étages d'appartements au dessus du rez-de-chaussée, avec terrasse, beffroi, cour d'honneur et avant-cour. On l'accède par une belle chaussée construite en travers de la vallée qui règne entre les deux collines. Dans la partie la plus profonde, cette chaussée n'a pas moins de 30 mètres d'élévation, ce qui peut donner une idée des immenses travaux de terrassement exécutés pour ce seul objet. A droite et à gauche de la cour sont des bâtiments peu élevés et placés en dehors du prolongement des lignes extérieures du château, de peur d'en masquer la vue. Aux deux côtés de l'entrée de cette cour, on voit deux tours ou colombiers qui, à raison de leur hauteur, ont été relégués sur un plan encore plus reculé.

Le bourg d'alors

Le comte de Choisi ne se borna point à la construction Alignement d'une demeure splendide, il voulut attirer près de lui une nombreuse population. Dès 1634, on voyait au nord et au sud de la place des maisons disposées symétriquement et en amphithéâtre par rapport au château, et séparées en deux groupes par une vaste rue ouverte précisément vis-à-vis de l'entrée de ce magnifique édifice, passant au milieu de la colline et se prolongeant en ligne droite à l'est, avec une avenue des deux côtés, jusqu'à un carrefour de quatre anciennes avenues dont le centre est occupé par un vieux sapin.

A cette époque donc, le plan du bourg de Balleroy était déjà tracé tel que nous le voyons aujourd'hui. La place du marché affectait une forme elliptique que couronnait la vaste avenue du Sapin , et que traversaient à l'ouest, vers la chaussée du château, la rue des Forges et la rue des Etangs. Ce fut le comte de Choisi qui fit bâtir, de chaque côté de l'avenue partant du marché , sur l'alignement de chacune des extrémités du château , une maison destinée à servir de régulateur aux autres, après quoi il inféoda des emplacements aux particuliers qui se présentèrent. Grâce à ces précautions, la belle rue du Sapin fut alignée avec autant de régularité que les plus belles rues de Paris, et il resta entre les deux rangs de maisons un espace libre de quarante mètres de largeur dont la partie moyenne était occupée par la route longée par l'avenue.

C'est au nord du château que s'étend en amphithéâtre, sur le triple penchant d'un coteau, cette élégante et magnifique bourgade ; ses rues vastes et alignées laissent apercevoir de tous côtés, aux regards émerveillés du voyageur, l'agrément et la diversité de ses paysages. La vaste rue du Sapin est sans contredit digne des plus admirables boulevards de la capitale ; ses belles et riches maisons, qui ont remplacé les arbres touffus et le gazon verdoyant de l'avenue, semblent être bâties pour l'embellissement du château qui se perd à son extrémité et disparaît au milieu des vergers bigarrés qui s'élèvent comme par enchantement, mais au loin, au-dessus de son élégant beffroi.

L'étranger, stupéfait à la vue de ce panorama, descend lentement et contemple avec le plus grand intérêt cette longue rue du Sapin dont l'admirable point de vue augmente à chaque pas son étonnement et sa curiosité. Arrivé au rond-point de la place, où mon cœur appelle de tous ses vœux l'établissement d'une fontaine publique, il est forcé de s'arrêter et de contempler le spectacle le plus magnifique et le plus intéressant qui puisse nous être offert par la simple nature : devant lui, c'est le château et sa fraîche vallée, et ses bosquets, et ses beaux jardins, et ses longues avenues dominant la vallée ; à sa droite, c'est la longue rue des Forges qui semble se perdre dans la Drôme, et au dessus de laquelle s'élèvent et s'élargissent de nombreux vergers que couronne l'énorme masse de la forêt ; à sa gauche, c'est la rue rapide des Étangs si admirablement taillée à pic dans le flanc d'un rocher ; un peu plus loin, entre le château et cette rue, à une portée d'arbalète, se dresse isolée sur un petit monticule, comme sur un petit fort et au milieu d'arbres touffus qui la dérobent aux regards du profane, la charmante église que fit bâtir, en 1650, le comte de Choisi. Cette église, dont le neveu de Mansard est l'architecte.

Source : Histoire de Balleroy et des environs par J. Bidot 1860.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 11812
  • item : Manoir Balleroy
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Calvados
    • Biéville-Beuville
  • Code INSEE commune : 14068
  • Code postal de la commune : 14112
  • Ordre dans la liste : 4
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : manoir
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 18e siècle
  • Date de protection : 1989/12/27 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :5 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • élévation
    • toiture
    • décor intérieur
    • salon
    • logis
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détail :
    • Façade postérieure (sud-est) du logis et pan de toiture correspondant
    • grand salon, au rez-de-chaussée du logis, avec son décor (cad. D1 134) : inscription par arrêté du 27 décembre 1989
  • Référence Mérimée : PA00111824

photo : michel