Eglise de Saint-Loup-Hors-Bayeux

St.-Loup, Sanctus Lupus.

L'église de St.-Loup appartenait dans l'origine au style roman du XII^e siècle, dont l'élégante tour nous montre un spécimen intéressant et bien conservé ; mais aujourd'hui des changements, des réparations, des additions, ont considérablement modifié l'état primitif. Le chœur a été reconstruit de fond en comble, au XIII^e siècle. La nef est restée romane. Mais la porte occidentale de cette nef a été retaillée ; les chapiteaux des colonnes qui portent l'archivolte sont défigurés. Au-dessus de cette porte, une large fenêtre de forme ogivale, sans caractère, a été ouverte, et le fronton triangulaire, percé d'un oculus, paraît très-peu ancien.

Des modillons à figures portent l'entablement des murs latéraux. Toutes les fenêtres ont été élargies et refaites de forme cintrée du côté du Sud. On voit de ce côté deux grandes arcades bouchées, qui étaient portées sur des colonnes et qui servaient à mettre la nef centrale en communication avec un collatéral qui a été démoli. Ces deux arcades ont, à l'intérieur de la nef, leurs archivoltes ornées de zigzags.

La tour, dont je parlais en commençant, est une des plus remarquables du XII^e siècle que nous possédions dans le département.

Elle se compose de trois étages surmontés d'une pyramide à quatre pans très élancée, dont les pierres figurent des imbrications.

L'étage supérieur est percé sur chaque face de deux fenêtres à plein-cintre très-allongées, encadrées dans plusieurs archivoltes concentriques portées par des colonnettes engagées.

Sept arcatures étroites et très-longues garnissent, au second étage, chacune des faces du carré de la tour.

L'étage inférieur offre seulement, du côté du Sud, une petite fenêtre cintrée, et, du côté de l'Est une porte que le savant antiquaire Pugin avait dessinée en 1826. Cette porte est ornée de losanges et le tympan est décoré d'un bas relief représentant, suivant la légende, saint Loup domptant un dragon qui désolait le pays.

Si nous passons du côté sud au côté nord de la nef, nous y voyons, en regard de la tour, une chapelle assez grande, qui n'offre pas autant de caractères que nous en voudrions pour indiquer une date ; elle n'est probablement que du XVI^e siècle. Il es est de même de la chapelle qui s'appuie sur la tour et qui remplace l'ancien bas-côté méridional, s'il a jamais été prolongé jusqu'à la tour.

Le chœur me paraît se rapporter au XIII^e siècle ; il est voûté en pierre et se compose de trois travées ; les fenêtres sont en lancettes bordées, à l'intérieur, d'un tore qui descend jusqu'au bas sans être soutenu par des colonnettes. Le chevet était percé de trois lancettes, celle du centre plus élevée que les deux autres ; elles ont été bouchées lors du placement de l'autel à grand rétable qu'on y voit et qui vient de l'ancien couvent des Cordeliers. Les colonnes de cet autel sont en bois et incrustées de panneaux en marbre noir. Il avait, dit-on, dans l'origine, 12 pieds de plus en hauteur qu'on n'a pu lui en conserver : il a fallu le raccourcir et le mutiler pour le faire entrer dans l'église St.-Loup.

Du côté de l'épître, il existe derrière la boiserie une crédence assez belle, du XIII^e siècle, et un peu plus loin, sous le même lambris, une inscription en lettres gothiques que je n'ai pu lire ; elle faisait probablement mention d'un obit.

Source : Statistique monumentale de l'arrondissement de Bayeux par Arcisse Caumont