Au pied des Monts de Lenque, Montes Linchœ, premier massif des collines normandes, vers le nord, l'église paroissiale d'Aunay-sur-Odon, dédiée à saint Samson, comme deux églises du voisinage, celles d'Arclais et de Montchauvet, gardent ainsi très vraisemblablement la trace des liens qui rattachaient jadis ces contrées de la Neustrie à la patrie d'Arthur et de Merlin. Aussi, dés que nous trouvons un témoignage historique sur Aunay, cette localité apparaît comme un fief relevant de ce comté de Mortain, qui s'étendait de Barenton à la fontaine magique, et de la fameuse forêt de Broceliande, restée bretonne, jusqu'aux confins de la Plaine de Caen.
Aunay-sur-Odon avait été habité dès l'époque gallo-romaine, comme les débris de constructions et de tuiles à rebord trouvées sur son territoire le prouvent.
Aunay, Aulnai, Aulnoi, Alnetum ou Alneium, la localité des Aunes est un nom de lieu assez commun, et, rien qu'en Normandie, on trouverait aisément une dizaine d'endroits qui le portent ; cependant, à raison des autres noms qui l'encadrent, il semble que ce soit bien le seigneur d'Aunay-sur-Odon que le Roman de Rou cite parmi les chevaliers qui se distinguèrent à Hastings. (...)
Dés la fin du XIe siècle, Aunay appartenait à un grand seigneur, dont le nom, jadis glorieux, ne nous permet même plus aujourd'hui de reconnaitre l'origine ni la famille. Il s'appelait Ingilram, ou Enguerrand, fils d'Ilbert, et, avec sa femme Agnès, il donna en 1080 à l'abbaye de Saint-Étienne de Caen l'église de Saint-Samson d'Aunay, ainsi que ses droits et redevances, deux parts de la dime de la paroisse, et la dime de toutes les corvées, services et charrues qui lui étaient dues, plus enfin une acre de terre pour qu'on put y bâtir une grange dimière.
Il était loin, ce semble, de prévoir qu'Aunay aurait son abbaye, (...)
Guillaume de Semilly reçut encore cent soixante livres d'Anjou en retour d'un nouvel agrandissement de 100 acres de terre accordé aux moines, dont la propriété s'étendit jusqu'au ruisseau qui sépare Saint-Samson d'Aunay des paroisses de Saint-Georges d'Aunay et de Longvillers, d'un côté, et de l'autre, jusqu'aux devises posées à la limite du ténement de Ranulf Le Mansel, etc.(...)
En février 1717, on fit marché pour blanchir l'église en entier, gratter ce qui était verd ou écaillé, tant aux voûtes qu'aux murs, remplir les fentes, et toutes les ouvertures ou lézardes, pourquoy les prieurs et religieux s'obligèrent de fournir la chaux et les établies sur le lieu, de nourrir les ouvriers, de les coucher, et de leur payer la somme de 115 livres avec 100 s. de vin.(...)
En 1742, la sacristie fut lambrissée; on acheta rideaux, couvertures, impériales, bonnes-grâces, et dossier pour le lit de la chambre d'honneur des hôtes, avec des rideaux de fenêtres. Le tout coûta 223 livres.
Les charpentes et couvertures de l'église furent remises à neuf (3).(...)
Le 20 décembre 1791, on descendit les quatre cloches qui furent transportées dans le clocher de Saint-Samson d'Aunay pour remplacer les trois anciennes qui furent accordées.(...)
Dans le piètre clocher de l'église paroissiale d'Aunay, on trouve aujourd'hui (mars 1879) une ancienne horloge qui sert au bourg, et qui provient des dépouilles de l'abbaye(...)
source : Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie.
