photo : Jamled
Saint-Michel-de-Frîgolet. Sur la route de Tarascon à Avignon et auprès de la station de Cadillan, on trouve un vallon charmant que l'on suit dans la direction de Barbantane ; après un quart-d'heure de marche, au milieu d'une nature riche et embaumée, on arrive, en tournant subitement à gauche, dans une vallée dont on ne saurait dépeindre les innombrables délices. Ce sont de frais bocages que les oiseaux habitent et font résonner de leurs gaies chansons d'amour, des ruisselets coulant le long des lauriers et à l'ombre des sycomores, des jardins charmants, des collines pamprées, et puis tout à coté les ruines graves et majestueuses d’une abbaye.
Ce lieu solitaire et contemplatif, c'est Saint-Michel-de-Frigolet. Fondé par les moines de Montmajour, dès le IXe siècle, cette abbaye fut, en 1316, sécularisée par le Pape Jean XXII, qui en fit un prieuré dont il dota un des deux archidiacres du chapitre d'Avignon. Une petite chapelle d'une richesse d'ornement des plus extraordinaires, l'ancienne église du couvent, le cloître et quelques ruines parmi lesquelles on peut reconnaitre encore les cellules des solitaires, voilà tout ce qui reste de cet immense et antique monastère.
Source : Guide pittoresque du voyageur dans Tarascon par Charles Turrier (1855).
Monseigneur de Garsignies, évêque de Soissons et Laon, n'a pas seulement cherché à faire sortir de ses ruines l'antique abbaye de Préniontré, comme nous le dirons dans le paragraphe suivant, il a aussi désiré y rétablir l'ordre des Prémontrés, et il y a travaillé en 1856. Quelques difficultés ont jusqu'à présent retardé l'exécution de cet utile projet. Un autre essai se fait présentement dans l'ancienne abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet, entre Tarascon et Avignon : l'installation solennelle des nouveaux Prémontrés y a été faite le 11 juillet 1858.
Source : Antiquités religieuses du Diocèse de Soissons et Laon par J. F. M. Lequeux.
Saint-Michel-de-Frigolet n'est pas seulement redevenu un nouvel asile monastique précieux pour la religion, mais encore un lieu de pèlerinage dont les souvenirs sont consolants et glorieux. La Gazette du Midi nous en fait connaître l'origine et l'histoire en ces termes :
« Vers le milieu du dixième siècle, Guillaume Ier, comte de Provence, fonda en l'honneur de saint Michel-Archange, dans une gorge de collines de Frigolet, entre Tarascon et Avignon, un monastère pour les Bénédictins de Montmajour-lez-Arles, qui desséchaient alors le territoire marécageux de Boulbon. Les Bénédictins le cédèrent, quelques années après, aux chanoines réguliers de Saint-Augustin, et ceux-ci ayant été unis en 1316 par le pape Jean XXII au chapitre de Notre-Dame-des-Doms, le couvent de Frigolet passa avec toutes ses dépendances dans la mense capitulaire de la cathédrale d'Avignon, et devint l'apanage du premier archidiacre de cette antique église. « Dès le principe, une chapelle avait été élevée à côté du monastère en l'honneur de la Mère de Dieu ; les grâces nombreuses que les malades y obtenaient de la bonté divine rendirent ce petit sanctuaire justement célèbre, et dans toute la contrée on ne l'appela plus que Notre-Dame-du-Remède. La reine Jeanne le visita au quatorzième siècle ; au siècle suivant, le roi René s'y rendit avec son épouse, et au dix-huitième siècle, Anne d'Autriche vint y demander à Dieu la cessation de sa stérilité. A la naissance de Louis XIV, cette auguste princesse fit revêtir les murailles de ce sanctuaire béni d'une riche boiserie dorée, sculptée et rechaussée de peintures sur toiles représentant les principaux mystères de la vie de Marie, et pour perpétuer le souvenir de sa reconnaissance, elle voulut que les fleurs de lis ornassent la niche qui domine l'autel.
« Par miracle, cette chapelle, avec tout le monastère, a échappé au vandalisme révolutionnaire. Toutefois, devenue propriété privée, elle était souvent fermée à la piété des fidèles. La Providence a enfin permis qu'elle fût rendue à la religion qui l'avait possédée pendant près de neuf siècles, et le 27 avril de cette année, Mgr l'archevêque d'Aix l'a confiée à la garde des vénérables religieux qui viennent faire revivre en France la primitive Observance de l'ordre de Prémontré. »
Source : L'Ami de la religion.