Eglise

Construction

Emplacement

Pour se conformer à l'ordre formel de Monseigneur, les consuls s'occupèrent d'abord de choisir, pour y bâtir la nouvelle église projetée, un emplacement convenable. Ils auraient préféré faire reconstruire l'église et le clocher au même endroit que l'ancienne ; Mme de Sade opinait pour le quartier de la Burlière, route d'Aureille, où elle avait son pavillon et son jardin. Les uns proposaient de bâtir la nouvelle église à Trinquetaille, d'autres rues d'Astre, à la place du moulin d'Hoteman. Après huit ans d'hésitation, on finit par prier l'archevêque de choisir lui-même l'emplacement au moins de frais pour la Communauté, Monseigneur se prononça pour le quartier de la Burlière. Alors les consuls, d'avis contraire parce que ce quartier était hors ville et que le transport des matériaux de 1'ancienne église serait trop coûteux, suivant le conseil de plusieurs avocats, et ne pouvant faire revenir le prélat de sa décision, prirent le parti de faire appel comme d'abus au Parlement d'Aix. Pour mieux réussir, ils se firent soutenir par l'ordre de St-Ruf qui, devant contribuer à la dépense, avait intérêt à éviter de trop grands frais. M. Tardivon, abbé général de l'ordre, s'occupa de l'affaire et fit écrire aux consuls « qu'il convenait de faire pour M. le comte de St-Florentin, un mémoire sincère qui, en mettant au jour leurs difficultés, exposerait leur situation. Il faut insinuer l'intérêt qu'a l'économat de l'ordre de St-Ruf à s'opposer à un projet aussi ridicule que dispendieux. »

Le procès fut gagné ; le 19 juin 1769, le Parlement ordonna au conseil de ville de s'assembler dans un mois pour choisir un emplacement autre que celui de la Burlière et de 1'ancienne église. Quatorze conseillers sur vingt et un se rendirent à la réunion du 30 juillet. Les avis furent très partagés ; il y eut sept propositions différentes ; les cinq premières n'avaient qu'une voix chacune ; la sixième en réunit quatre et la septième cinq en faveur du moulin d'Hoteman. D'après le règlement, il aurait dû y avoir quinze membres réunis au conseil, douze conseillers et les trois consuls ; il n'y avait eu que quatorze présents, donc la délibération était nulle. Nouvelle réunion, le 3 décembre 1769 où il fut délibéré que l'église serait construite à la place de la maison Valentin Audibert, quartier de Trinquetaille, comme étant le plus rapproché de la maison curiale. La lutte n'était pas finie, et le 21 janvier 1770, Henri-Joseph Jean crut mettre un terme à toute contestation en proposant de délibérer qu'un conseiller de la Cour viendrait sur place avec l'archevêque d'Avignon et le prieur, avec un architecte, si c'était utile, pour examiner tous les emplacements proposés et faire un devis estimatif sur lesquels la Cour se prononcerait. Mais le conseil s'y opposa et de plus, les partisans de la place du moulin d'Hoteman revinrent à la charge et demandèrent, le 6 février 1770, au Parlement, de casser la délibération du 3 décembre 1769. On a fait remarquer qu'ils étaient tous propriétaires d'un moulin et désiraient supprimer un concurrent. Le Parlement accepta cette demande en cassation et désigna, le 19 décembre 1770, le conseiller de Chênerille pour venir à Eyguières, en présence du Procureur général, d'un architecte, du prieur et de l'archevêque qui seraient informés, examiner toutes les propositions, entendre les parties et faire un rapport au Parlement. M. le conseiller termina son procès-verbal le 1er février 1771. Mais l'archevêque présent déclara qu'il ne bénirait jamais l'église si elle était bâtie à Trinquetaille.

L'opposition se composa dès lors de cinq conseillers, propriétaires de moulins et de l'archevêque d'Avignon.

Au sujet des premiers, la Communauté et l'Ordre de Saint-Ruf s'adressèrent de nouveau au ministère et le comte de Saint-Florentin, devenu duc de la Vrillière, écrivit aux consuls que l'emplacement choisi près de l'ancienne église lui paraissait le plus commode et le moins coûteux ; il ajoutait « Rien ne me paraît déraisonnable que de vouloir placer cette église sur un terrain où est un moulin à huile qui ferait perdre à la Communauté, en le détruisant, un revenu de mille deux cents livres et qui occasionnerait à 1'ordre de St-Ruf et même aux habitants, une dépense trois fois plus forte ; il est également déraisonnable de vouloir placer l'église dans un endroit fort éloigné de la maison prieurale ..... le roi ne souffrirait pas une entreprise aussi préjudiciable aux habitants qu'aux ordres de St-Lazare et de St-Ruf &raquo ; (les deux ordres allaient être incessamment réunis). Nonobstant cette lettre, les opposants propriétaires s'adressèrent de nouveau au Parlement le 8 avril 1771. Les consuls firent connaître cette démarche à M. de Tardivon, abbé général de l'ordre de St-Ruf, qui la blâma et à M. de la Vrillière. Enfin, le Parlement rendit, le 15 mai 1771, un arrêt faisant défense à n'importe qui de proposer tout autre emplacement pour l'église.

Ce fut alors que le second consul, Guillaume Colique, pour tout concilier, proposa de construire l'église sur l'emplacement de l'ancienne, sur la rue et sur la propriété du prieur, c'est-à-dire depuis la porte du « deime » jusqu'au fossé du moulin, en prolongeant vers la place et sur la fontaine, empruntant à droite et à gauche, les maisons jugées nécessaires pour contenir l'église et ménager un espace suffisant et commode en vue de donner libre avenue du côté de la place.

La majorité des suffrages fut acquise à cette proposition ; le conseil offrit même aux opposants de se charger de tous les frais du procès d'opposition s'ils voulaient bien signer cette délibération. Ils acceptèrent et le conseil aussitôt décida :

  1. que les parties demanderaient à la Cour un arrêt de consensu ;
  2. que le prieur et l'archevêque seraient priés d'accepter cet arrangement ;
  3. que les consuls feraient venir l'architecte Bondon pour tracer le plan de l'église projetée (9 juin 1771),

Le consul Joseph Gilles et cinq conseillers ne voulurent pas adhérer à cette décision, s'appuyant sur l'arrêt du 15 mars 1771, défendant de proposer de nouvel emplacement, et adressèrent une requête au Parlement d'Aix pour obtenir cessation de la délibération du 9 juin. Dans le même but, de son côté, l'ordre de St-Ruf fit requête à la Chambre du Parlement de Paris. Le conseil consentit à se défendre contre l'opposition intéressée de Gilles (11 août 1771) ; quant à celle de l'ordre de St-Ruf, faite au préjudice du Parlement de Provence, elle fut recommandée aux procureurs du pays. D'ailleurs on passa outre, car on savait que cet ordre allait être supprimé. Enfin le consul Gilles, malgré l'adhésion des nommés Blanc et Emery, se désista de sa demande pour éviter les frais, pria Monseigneur d'accommoder l'affaire, et le Parlement d'Aix rendit un nouvel et dernier arrêt qui mettait la Communauté et les consuls hors de cour et de procès.

Toutes les difficultés, après quatorze ans, étaient surmontées. L'archevêque accepta de venir bénir la première pierre... qui ne fut posée que cinq ans plus tard.

Expertise des maisons

Il fallut dès lors s'occuper de l'acquisition des maisons à démolir, des autorisations régulières à obtenir, du plan, du devis, etc. Les vingt-deux maisons à démolir furent estimées par Antoine Laurent, de Pélissanne et Antoine Pasquier, notaire à Salon, experts désignés par M. Pascalis, subdélégué de l'intendant à Eyguières. Le rapport d'expertise fut déposé le 23 novembre 1773 ; il évaluait ces maisons 30087 francs 14 sols 9 deniers. Cet espace ne fut pas suffisant : la plate-forme de quatre maisons en plus fut jugée nécessaire ; l'expertise en fut faite par Pierre Tamisier et Mathieu Grand ; leur rapport du 10 février 1779 en porte le prix à 4470 francs 19 sols et 6 deniers. Les propriétaires demandèrent un cinquième en sus de l'expertise. Déjà en 1772, on avait envoyé une assignation de déguerpissement aux propriétaires de ces maisons. Le 12 octobre 1774, les consuls firent la demande au Roi des lettres patentes nécessaires pour l'achat des maisons et pour la construction de l'église. Ces lettres furent accordées au mois de février 1775, et enregistrées le 28 mars au Parlement. Les frais de chancellerie et d'expédition s'élevèrent à la somme de trois cent quatre-vingt-cinq livres. Pour faire face à ces premières dépenses, la Communauté avait déjà en caisse cinquante mille livres environ en 1771, provenant :

  1. du piquet du poids de la farine, dont le revenu annuel était de trois mille cinq cents francs ;
  2. du rève sur la viande : 1850 livres.

Ces impôts, établis dès 1757, avaient produit la somme de 43206 francs qui étaient entre les mains du comptable.

Plan et devis

Plusieurs plans avaient été dressés successivement par l'architecte Brun, de l'Isle au Comtat et par Bondon, architecte d'Avignon ; mais l'emplacement définitif n'étant pas le même, c'était de rigueur de faire un nouveau plan. M. Bondon en fut chargé par les consuls ; son travail ne fut pas accepté ; on lui reprocha de manquer de solidité ; l'examen en fut fait par MM. Roulier, d'Aix, et Pierre, d'Arles.

Sur la demande du conseil, 4 février 1776, l'architecte Esprit-Joseph Brun accepta de préparer le plan et le devis. Quand ils furent achevés, il y eut une première adjudication des travaux devant M. Pascalis, subdélégué de l'intendant. Claude Gerband, maître maçon et entrepreneur, de Tarascon, promit de les exécuter pour 95500 livres ; l'intendant refusa d'accepter cette somme qu'il trouva trop forte (15 septembre 1776). M. Brun fit un autre devis, qui pour la maçonnerie et la charpente s'èlevait à 86676 livres (30 mai 1777). Le prix fait fut accepté par quatre associés pour la somme de 79.500 livres. Mais trop lents à se décider, la Communauté demanda l'autorisation d'une troisième mise aux enchères, le 16 mars 1778 ; Gervais Barielle, ingénieur d'Apt, Jean Creste et Mathieu Grand, entrepreneurs dans la même ville, se rendirent adjudicataires pour 78500 livres : l'acte fut ratifié le 5 avril 1778. Tout était donc prêt.

Pose de la première pierre

L'archevêque d'Avignon ayant été empêché de se rendre à Eyguières le 1er juin 1778, pour la pose de la première pierre de l'église, M.Gilles, curé, fut délégué pour le remplacer. Voici, d'après le procès-verbal, l'ordre de la cérémonie. Les entrepreneurs se rendirent à la maison commune précédés d'un corps de musique composé de violons, flûtes, tambourins, trompettes, etc. De la mairie le cortège se dirigea vers l'emplacement de la nouvelle église. Après les prières liturgiques, les entrepreneurs présentèrent la truelle et le marteau ornés de rubans de couleur rose avec franges d'argent, aux officiers municipaux qui vinrent à tour de rôle jeter du mortier et frapper sur la pierre, dans laquelle on avait préparé une place pour recevoir une plaque de plomb portant l'inscription commémorative suivante : « La première pierre de cette église a été posée par MM. André-François-Roch Payan, Jacques Audibert et Pierre Marillier, consuls, et Joseph-Etienne Michel, premier secrétaire de cette communauté d'Eyguières, le 1er juin 1778. L'église a été construite sur les dessins et sous la conduite d'Esprit-Joseph Brun, architecte de l'Isle ». La plaque et l'inscription coûtèrent vingt-quatre livres. On a dit qu'une somme de deux cent seize livres en diverses monnaies avait été mise avec cette plaque : c'est une erreur ; cette somme fut donnée comme gratification aux entrepreneurs. A ce procès-verbal officiel conservé aux archives, nous ajouterons, pour le compléter, le compte-rendu fait par un témoin oculaire : « L'an 1778, premier juin, sous le pontificat de Pie VI, pape et chef de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, sous le règne de Louis XVI, très chrétien, roy de France, et Charles-Vincent de Giovo étant archevêque d'Avignon, je soussigné, prêtre et procuré de l'église de Roquemartine, ai assisté sur les six heures du soir à la bénédiction de la première pierre de l'église paroissiale d'Eyguières, mise dans les fondements près du moulin à farine. M. le curé Gilles, assisté de ses trois secondaires : M. Plaizant, M. Berne et M. Isnard, de M. Pteyre, prêtre, jadis Jésuite, et de moy, a fait cette bénédiction solennellement, en présence de la douairière de Sade, son fils seigneur d'Eyguiè1es étant à Paris, de M. Payan, premier consul et de ses confrères, du greffier, accompagnés des messieurs les plusidistingués du païs et d'un nombre considérabledes habitants. Signé : Chastelas, prêtre, procuré de Roquemartine ».

On croit que les entrepreneurs ne furent bientôt plus d'accord, et qu'ils cédèrent l'entreprise aux deux frères Jacques et Joseph Pelais, d'origine Lorraine et fixés à Marseille. Ils la menèrent à bonne fin dans 1'espace de cinq ans. Ils auraient proposé, paraît-il, au cours des travaux, d'asseoir la voûte sur une base composée de quelques assises de plus. Tel qu'il est pourtant, ce monument est simplement remarquable : de style byzantin, sans coupole, à trois nefs, avec large transept, précédé de quatre chapelles hors nef de chaque côté, et complété par deux autres chapelles absidales qui accompagnent le sanctuaire, sans autre ornement que la corniche qui domine les arceaux à plein cintre et les pilastres, d'une grande pureté de lignes, éclairé par seize fenêtres qui, encadrées par la voûte, tamisent un jour suffisant du matin au soir, terminé par un clocher carré qui abrite une bonne sonnerie et est couronné par la cage en fer de l'horloge ; ayant une façade sobre de même style, avec porte de belles dimensions, surmontée d'un tympan qui attend soit une inscription soit un bas-relief ; le tout précédé d'un perron en pierres de taille comme tout l'édifice. On arrive à l'église du côté de la place, au midi, par un escalier composé d'une dizaine de marches, mais elle est malheureusement masquée par des maisons lentes à tomber, malgré leur état de vétusté et de délabrement, surtout du côté du vieux moulin : Caveant consules.

La bénédiction eut lieu le 8 septembre 1783, le jour de la Nativité de la sainte Vierge. Elle fut donnée par M. Gilles, curé, accompagné des secondaires, d'un grand nombre de prêtres voisins et de ceux de la paroisse. L'abbé Reyre, un des meilleurs orateurs de son temps, donna le discours de circonstance.

Le choix était de haute convenance, car ce prêtre était originaire d'Eyguières.

A cette occasion, les consuls organisèrent une grande solennité : tambourins, tambours et fifres de la localité, corps de musique de Cavaillon, deux tambourins d'Aix et un de Grans ; les boîtés de St-Chamas et de Grans servies par deux canonniers qui brûlèrent dix-neuf livres de poudre ; le tout dominé par le son des cloches, c'était plus qu'il ne fallait pour électriser un peuple toujours porté par nature vers les fêtes qui frappent les sens. Le soir, un feu d'artifice du prix de cent vingt livres, fut la clôture et le bouquet de cette journée inoubliable. Le même jour, eut lieu sur la petite place qui précède l'église, l'inauguration du buste de S. Vérédème, le patron aimé et séculaire d'Eyguières. Ce buste dut être enlevé pendant la Révolution. Il occupait sans doute près du moulin, au haut de l'escalier, la place qui plus tard fut donnée à la croix que l'on voit actuellement sur le fronton de l'église, à moins qu'il n'eût été mis lui-même au-dessus de la façade.

Dépenses

Voici le relevé des dépenses totales faites pour la nouvelle église :

Acquisition des maisons à démolir 34558 liv. 14 s. 3 d.
Lettres patentes (port et chancellerie). 385 liv.
Construction et toiture 80816 liv.
Menuiserie et serrurerie 5542 liv.
Honoraires du directeur des travaux (Brun) 8082 liv.
Peinture et vitres 950 liv.
Maître-autel, fonts baptismaux, bénitier (marbre) 900 liv.
Tambour et perron 1517 liv.
Translation de la terre et des ossements de l'ancienne église 333 liv.
Procès, voyages, correspondances, plans et devis, etc 1000 liv.

Total : 143083 liv. 14 s. 3 d.

En présence de ce total, il faut nous demander a qui incombait la charge de payer cette somme. La Communauté devait se charger de la majeure partie. Mais dans quelle proportion le prieur décimateur devait-il y contribuer ? C'est ce que voulurent savoir MM. de Gouteron et Meyras de la Roquette, syndics généraux de l'ordre de St-Ruf, qui demandèrent aux consuls d'assembler le conseil pour « délibérer et déclarer si la Communauté entend que le prieuré, appartenant à cet ordre comme décimateur de la paroisse, doive entrer dans le fonds de la construction de la nouvelle église paroissiale et achat du local à ce nécessaire, ou y contribuer en quelque portion ». Le conseil, réuni le 30 juillet 1769, décida de consulter des avocats ; ceux-ci donnèrent leur avis dans le sens favorable à la Communauté. Alors les consuls envoyèrent aux supérieurs de l'ordre un acte par lequel ils déclaraient qu'on entendait exiger du prieur sa participation à la dépense du sanctuaire, du maître-autel et de la sacristie (3 décembre 1769).

C'est à cette époque que l'ordre de St-Ruf fut supprimé ; l'union du prieuré d'Eyguières à la mense épiscopale de Sisteron allait être consommée ; les consuls écrivirent au nouveau prieur pour l'informer que le cinquième de la dépense de la maçonnerie devait être payé par lui. L'évêque répondit que « n'étant pas encore possesseur du prieuré, il n'avait rien à dire à cette estime, qu'il croyait que les estimateurs avaient mis à sa charge ce qui peut-être n'y était pas ; et que si jamais il était paisible possesseur de ce bénéfice, il se prêterait à tout ce qui serait raisonnable » (31 mai 1779).

Des pourparlers eurent lieu entre le prieur et les consuls ; finalement trois arbitres furent choisis : MM. Barlet, Pascalis et Siméon, avocats à Aix. Le 16 février 1780, les arbitres rendirent leur sentence arbitrale et engagèrent la Communauté à accepter les offres de l'évêque qui étaient raisonnables :

  1. la somme de six mille livres sera payable trois mois après la réunion définitive du prieuré à la mense de Sisteron ;
  2. une somme de huit mille livres, payable en quatre ans et par annuités de deux mille livres, à prélever sur les revenus du prieuré. Cette proposition fut acceptée par le conseil de ville et approuvée par l'archevêque d'Avignon.

Mais l'évêque de Sisteron n'était pas encore nommé prieur ; M. Gilles, curé, était en concurrence pour obtenir ce titre ; c'est pourquoi, avant de verser les six mille livres, l'évêque voulut passer avec les consuls une convention relative au conseil des arbitres, et obtenir que M. Gilles, curé, et son père garantissent la restitution de cette somme dans le cas où le prieuré lui serait attribué. M. Gilles n'accepta pas cette condition, et les consuls se décidèrent alors à demander au Parlement l'autorisation pour la Communauté de faire saisie-arrêt sur les revenus du prieuré. C'est qu'en effet, l'église était bénite depuis plus d'un an ; la Communauté n'avait encore rien touché de la part du prieur, et les créanciers allaient lui faire des frais pour être payés.

L'évêque répondit alors « qu'il se décidait à faire renonceaux arrérages qui se trouvaient entre les mains des rentiers de la dîme (22 avril 1782) ». Puis, en attendant que toutes les formalités fussent finies pour sa nomination, il écrivit à Paris aux consuls, décembre 1784 : « Dès que les lettres patentes seront enregistrées, il sera expédié un arrêt du Conseil qui autorisera l'archevêque d'Avignon à faire rendre compte au receveur des dîmes de ce qui lui restera en mains, les charges du prieuré d'Eyguières étant acquittées, et à appliquer à la construction de l'église ce reliquat, jusqu'à concurrence de ce qui peut être dû à la Communauté pour la portion compétente au prieur. Si ce surplus ne suffit pas, ajoute le prélat, je pourvoirai au reste, et en tout état de cause, d'ici au mois de février, vous recevrez de quoi vous mettre à l'abri des poursuites de vos créanciers &raquo.

L'évêque tint parole. Bien plus, les consuls lui ayant fait part d'un oubli qu'ils avaient fait en 1780, lors de la sentence arbitrale, de porter sur le compte des dépenses effectuées les honoraires de l'ingénieur, le prix des cloches, etc., l'évêque prieur consentit à un nouvel accord, d'après lequel les 14540 livres payées déjà par lui, sont reconnues suffisantes pour sa participation aux constructions ; mais il devra donner 12000 livres pour le maître-autel quand on l'aura placé, et de plus fournir tous les ornements nécessaires pour le culte, la fabrique devant continuer de les entretenir, ainsi que la sacristie, avec la somme que l'archevêque assignerait sur les 2000 livres à prélever sur les revenus du prieuré.

Les comptes à régler durèrent jusqu'en 1787 ; le solde des intérêts de 2000 livres aux entrepreneurs ne fut payé qu'en 1789. Restait le compte du maitre-autel entre la Communauté et le prieur. Quand le maître-autel fut placé, les consuls réclamèrent les 1200 livres, mais pendant ce temps, l'évêque de Sisteron avait été nommé au siège de Nevers, et il renvoya la demande à son successeur, 21 juin 1789. L'archevêque d'Avignon était, par le Conseil, prié d'intervenir, lorsque les événements politiques se chargèrent de terminer cette affaire et toutes celles de ce genre : c'était la Révolution qui renversait l'ancien régime d'une façon violente, et préparait la place d'un régime nouveau qui est loin dans le XIXe siècle d'avoir achevé de prendre sa forme définitive.

Histoire de l'église

L'Église pendant la Révolution

L'église avait reçu la bénédiction liturgique le 8 septembre 1783, avons nous dit. Moins de six années après cette touchante cérémonie, le 25 mars 1789, le temple de la prière fut transformé en salle électorale et de délibération. Tous les habitants d'Eyguières, français ou naturalisés, âgés de vingt-cinq ans au moins, et inscrits sur le rôle des contributions, se réuniront dans l'église au nombre de trois cent trente, sous la présidence de M. Joseph Tissot, viguier lieutenant de juge, pour rédiger leur cahier de doléances et de remontrances. Une fois ce cahier écrit, daté et signé, on fit l'élection des députés chargés de le porter, le 30 mars, devant le lieutenant général de la sénéchaussée d'Arles. Les élus furent : M M. André- Joseph-Crestin Jean, seigneur de Sulauze ; Antoine-Gaspard Pascalis, avocat, frère aîné de l'assesseur de Provence ; Claude François Isnard, avocat, et André Jullial, bourgeois. Ils reçurent tous les pouvoirs nécessaires « pour faire proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner le besoin de l'Etat, la réforme des abus, l'établissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l'administration, la prospérité générale du royaume, le bien-être de tous et d'un chacun des sujets de Sa Majesté ».

Les événements se précipitaient. Au mois de novembre de la même année, les consuls, se conformant au décret de l'Assemblée nationale, procédèrent à l'encadastrement des biens du prieuré qui avaient perdu leurs privilèges, ainsi que ceux de la seigneurie et des PP. Récollets. On les taxa : l'impôt annuel fut fixé à 1373 francs 4 sols 9 deniers.

Bientôt les 14, 15, 16 et I7 février 1790, l'église vit une nouvelle réunion électorale destinée à constituer la première municipalité d'après le nouveau décret rendu le 16 décembre. Cette irrévérence renouvelée était pourtant accompagnée d'un acte de foi, car avant de se séparer, tous les élus et les électeurs, au nombre de deux cent soixante-huit, « prennent à témoin le Dieu qui tient en main la destinée des hommes et des empires, et dans le temple duquel ils se trouvent assemblés, du serment qu'ils font de la plus profonde soumission et d'une adhésion sans bornes à tous les décrets rendus et à rendre par 1'Assemblée nationale, etc. »

Hélas! la Constitution qui avait soulevé l'enthousiasme de ces hommes de bonne foi, qui juraient ce jour-là de rester fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi, cette Constitution ne devait pas tarder d'être antireligieuse, car elle exigea bientôt de la part du clergé constitué civilement un serment considéré comme schismatique et condamné comme tel par le Souverain Pontife. Le 30 janvier 1791, le clergé d'Eyguières accomplit cet acte. On voulut le rendre très solennel. C'était un dimanche ; à l'heure de la grand'messe, les officiers et le corps municipal, avec un détachement de la garde nationale, se rendirent à l'église paroissiale. Après la messe, M. Henri Gilles, curé, prêta le serment civil en ces termes : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de cette paroisse, d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, et de maintenir, de tout mon pouvoir, la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi ». Le même serment fut prêté par les deux vicaires, Joseph-Roch Cliastelas et Jacques-Grégoire-Agricoi Tourel.

Etait-ce dans une vue intéressée qu'ils avaient ainsi agi ? N'était-ce pas plutôt par ignorance de la portée du serment au point de vue disciplinaire ? Cependant Mirabeau avait dit : il faut décatholiciser la France. Cette œuvre se poursuivait : l'ordre du clergé dépossédé de ses biens, et mis au rang des salariés ; privé de ses auxiliaires par la dispersion de ses religieux, et enfin sommé de prêter serment à la constitution civile qui donnait au peuple et au pouvoir civil ce qui doit appartenir au pouvoir ecclésiastique, c'en était assez pour soulever le pape, les évêques, le clergé et même les populations.

Le prêt de ce serment rencontra une opposition admirable en France, à tel point que l'Assemblée législative rendit, le 29 novembre 1791, un décret qui déclarait suspects les prêtres non assermentés, les rendait responsables des troubles religieux, s'il en surgissait autour d'eux, et voulait qu'ils fussent éloignés du département. Ce fut alors seulement qu'on vit marcher sur les traces du clergé paroissial, deux prêtres du nom de Joseph Reyre, l'un et l'autre originaires d'Eyguières. Le plus jeune des deux, contraint de prêter le serment, et interrogé sur sa situation, répondit qu'il avait son domicile dans une rue rapprochée de la place aux Herbes, qu'il disait la messe à l'église de la paroisse, qu'il touchait un traitement de sept cent vingt livres, mais qu'il n'en avait joui qu'après la proclamation de la loi sur la constitution civile du clergé. L'aîné déclara qu'il n'était pas fonctionnaire public, qu'il habitait une maison de campagne dans le quartier de Borme, qu'il disait la messe à l'église paroissiale, et qu'il ne touchait aucun traitement. La physionomie de ce Joseph Reyre n'était pas ordinaire ; elle mérite de fixer un instant notre attention : ses concitoyens l'ont bien compris quand ils ont appelé Faubourg Reyre le quartier qui fait suite au couvent des Récollets.

L'abbé Reyre naquit, le 26 avril 1735, de Joseph Reyre et de Thérèse Mathieu. Élevé à Avignon par les PP. Jésuites, il entra dans cette Compagnie à l'âge de seize ans et demi. Tour à tour professeur à Lyon, préfet à Aix, il reçut la prêtrise à Avignon le 28 juin 1762 : cette société vécut encore dix ans dans le Comtat. L'abbé Reyre se fit, pendant ce temps, un nom dans la chaire chrétienne ; En 1768, lors de l'occupation du Comtat par les troupes françaises, il vint à Eyguieres se livrer à la prédication et à des travaux littéraires. En 1785, il alla à Paris : son Ecole des Demoiselles lui valut une pension accordée par l'assemblée du clergé. En 1788, il prêcha le Carême à Notre-Dame, et l'année suivante, il devait le prêcher à la Cour sans les événements qui se produisirent. Il avait assez prêché, et avec talent, pour mériter le surnom de Petit Massillon, qui lui fut donné par ses contemporains. La marche des événements lui conseilla de rentrer dans son pays ; il y était quand on l'invita à prêter serment à la constitution civile. Il répond aux consuls qu'il est à la campagne et fatigué ; il affirme s'être traîné dans une municipalité voisine pour prêter le serment civique, car il s'est toujours fait un devoir d'être bon citoyen. Il espérait venir faire de même à Eyguieres ; ne le pouvant, il l'envoie par écrit, et demande un accusé de réception. On le lui donna.

Malgré cette soumission, sous la Terreur, il fut arrêté et mis en prison à Orange comme suspect. Rendu à la liberté après le 9 thermidor, il alla chez un neveu, avocat à Lyon, où il travailla à l'éducation de ses petits-neveux, et écrivit divers traités élémentaires d'histoire, de géographie, d'arithmétique, etc. Le climat de Lyon nuisait à sa santé ; il vint à Avignon, où il fut reçu membre de l'Académie ; il prêcha encore avec fruit. Son dernier succès oratoire fut celui de l'octave de la Fête-Dieu, en 1809, à Carpentras. Il mourut en 1812, à l'âge de 77 ans, à Avignon. Le plus bel éloge qu'on ait fait de sa vie est celui que nous empruntons à Hyacinthe Morel, secrétaire de l'Académie : « Les vertus morales de l'abbé Reyre étaient exquises, parce qu'elles étaient perfectionnées par la Religion qui supplée à tout et à laquelle rien ne peut suppléer. Ainsi, sa modestie était de l'humilité, sa bienfaisance de la charité, sa déférence à l'opinion d'autrui une sainte abnégation de lui-même ».

Ses principaux ouvrages sont : l'Ami ou le Mentor des Enfants ; l'Ecole des jeunes Demoiselles ; Anecdotes chrétiennes ; Le fabuliste des Enfants en sept livres ; Bibliothèque poétique de la jeunesse ; Prônes sur l'Evangile de tous les dimanches ; Petit carême ; Méditations évangéliques pour tous les jours de l'année ; Autre carême ; Autre cours de prônes, etc.

Le serment donné par l'abbé Reyre, nous l'avons vu, ne le sauva pas de la prison ; celui de M. Gilles, curé, ne garantit pas davantage son église des saturnales révolutionnaires qui en firent le temple de la Raison. Quelques réunions irrévérencieuses avaient été tenues dans l'église ; on en fit plusieurs encore, une le 25 mars 1792, l'an IV de la liberté, sous la présidence de M. Guibert, officier municipal, pour organiser la garde nationale et nommer à tous les grades ; une autre le 14 juillet 1792, pour le serment_de fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi. Enfin, le 25 septembre, l'église fut transformée en caserne pour le logement des six cents gardes nationaux venus pour renforcer ceux d'Eyguières et faire face avec eux à la bande armée venue d'Arles, et avec laquelle ils s'étaient mesurés la veille au Col de Mélet.

Pourtant, il est bon de dire - et l'éloge n'est pas banal, que, malgré tout, les habitants d'Eyguières restaient fidèles à leur religion, au point qu'au mois de mai 1793, les consuls prièrent le curé d'annoncer au prône que, la messe entendue, il était permis de travailler le dimanche à cause de l'urgence des travaux.

Mais arriva le 27 avril 1794 ; ce jour-là eut lieu l'ouverture du temple de la Raison. Sans doute, par un scrupule momentané, ce fut la ci-devant chapelle des ci-devant pénitents blancs qui fut choisie pour cette inauguration ; peut-être encore craignait on de se réunir dans la vaste église paroissiale qui aurait pu contenir une foule considérable et assurément peu sympathique à cette démonstration antireligieuse : on n'avait pas encore oublié les scènes du 14 juillet 1792. Quoiqu'il en soit, le corps municipal s'y rendit avec une délégation de la garde nationale, et fit occuper le pays par un détachement de vingt soldats empruntés au 5° bataillon de la Corrèze. Au milieu de ces précautions, lecture fut faite des Droits de l'homme ; on chanta des chansons patriotiques ; on fêta l'Etre suprême ; puis on établit le calendrier républicain ; mais les vieux usages religieux avaient un tel empire, que la municipalité en vint à décréter, 9 ventôse an VI, une amende de trois journées de travail contre ceux qui chômeraient le dimanche, et de deux journées contre ceux qui travailleraient les jours de la décade.

Alors, on vit l'abomination de la désolation : la belle église, bâtie à tant de frais pour le culte catholique, fut détournée de sa destination primitive ; on y construisit la Montagne, et on y fit des réunions qui furent une vraie profanation, sans parler des dessins et des inscriptions qui salirent les murs intérieurs, ni des autels en marbre meurtris par des gens qui commettaient ces horreurs en s'affublant du titre de Patriotes, et en criant : Vive la République !

Que devint, pendant ce temps, le curé jureur d'Eyguières ? fut-il caché par des amis dévoués ? prit-il la fuite ? rien ne nous le révèle ; mais nous avons pu lire dans les rares papiers conservés aux archives de la paroisse sa rétractation signée en 1800. Nous ne savons s'il reprit ses fonctions lors du rétablissement du culte, mais nous pouvons affirmer qu'il se retira du ministère et qu'en 1803, le 13 août, le titre de curé fut donné à Marc-Antoine Arnoux, qui le porta jusqu'en août 1809. Il fut remplacé en septembre 1809 par Honoré-Louis Gastinel, qui mourut à Eyguières le 7 janvier 1817. Il y eut alors une vacance de neuf mois, pendant laquelle le vicaire administra la paroisse ; puis le curé de Peynier, Alexis-Hilarion Boyer, en septembre 1817, fut chargé de la direction de la paroisse qu'il conserva jusqu'en 1827, époque où il quitta le diocèse d'Aix et se retira dans celui d‘Angoulême.

Eglise paroissiale et Clergé pendant le XIXe siècle

Les dégradations que la horde révolutionnaire avait fait subir à l'église paroissiale ne furent réparées qu'en 1822, sous l'administration de M. Boyer, au moyen d'une subvention accordée par la mairie et de souscriptions fournies par les fidèles. Il est regrettable que pour économiser on se soit borné à passer un badigeon destiné à couvrir toutes les indécences écrites ou dessinées sur les murs ; mieux eut valu faire un grattage de la pierre qui aurait conservé à 1'édifice son cachet de bon goût.

En 1824 l'horloge publique fut placée au sommet du clocher. A la même date, les cloches destinées à annoncer les offices furent renouvelées. M. Aubert, notaire, en fut le parrain, et Mme la marquise de Lubières, la marraine.

Depuis cette époque jusqu'en 1898, on se borna à embellir l'église par des travaux ou des décorations de détail. Toutes les chapelles furent pourvues successivement d'autels en marbre en remplacement des autels en bois ou en pierre ; seul celui de la Salette a été refait en pierre. Le maître-autel et celui de la Ste Vierge peuvent être cités comme étant mieux que d'autres dans le style de l'église. Le maître-autel est entouré de six colonnes en marbre rouge des Pyrénées, de trois mètres de hauteur, cédées par Ste-Marthe de Tarascon, pour onze cents francs ; elles ornaient dans cette église les fonts baptismaux ; cette origine explique la présence de la statue de sainte Marthe et de celle de St. Maximin. La disposition de ces colonnes serait heureuse ; mais leur base nuit à 1'effet de l'autel qui n'est pas assez dégagé ; leur couronnement surtout est défectueux : trop maigre et le tout trop élargi. Le mystère de l'Assomption, titulaire de l'église, est représenté en relief appliqué, entre la corniche et la voûte de l'église, au-dessus du maître-autel. C'est N.-D. de Grâce portée au ciel par les anges. L'appui de communion est tout en fer forgé.

Sur les treize autels actuellement existants, cinq ont dû appartenir à l'ancienne église, à savoir :

  1. celui de la chapelle du St·-Esprit, qui fut d'abord le maître-autel ; beau marbre, dessin élégant, bien travaillé, riches décorations ;
  2. ceux des chapelles de S. Marc, de Lourdes, de S. Véran et de S. Blaise ; tous ont souffert plus ou moins pendant la Révolution et ont été endommagés.

Deux chapelles, celle de N.-D du Rosaire et celle de saint Joseph, sont complètement revêtues de plaques de marbre ; le retable du Rosaire mérite d'être signalé à cause des palmiers dorés qui le décorent.

Toutes les anciennes confréries ont conservé leurs autels, mais à la plupart les confrères font défaut ; les chapelles sont privées ainsi de leur plus bel ornement. Il est à propos cependant de faire ressortir avec quel zèle, quel dévouement et quelle générosité de temps et d'argent sont entretenus et parés les treize autels. A signaler, en plus, deux archiconfréries postérieures à la Révolution, celle du St-Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs, établie à l'autel de la Ste-Vierge en 1845, dont la fête principale se célèbre le dimanche avant la Septuagésime, et celle du T. S. Rosaire, établie en 1895, complétée deux ans plus tard par le Rosaire perpétuel pour chaque dimanche, avec procession le premier dimanche du mois.

Ameublement

Cette église renferme plusieurs tableaux ou objets d'art qui méritent d'être signalés :

Tableaux

Chapelle de la Ste-Vierge, à côté de la grande draperie du fond qui domine 1'autel et couronne la Vierge, se trouve, côté de l'épître, S. Louis, roi, prosterné devant la sainte couronne d'épines (c'est une copie), et du côté de l'évangile, Marie présentant son fils aux congréganistes, original attribué à Mignard, c'est le plus beau de tous. Remarquable aussi la toile de N.-D. des Sept-Douleurs, qui représente Marie en buste avec une expression de souffrance qui fend l'âme du chrétien. Ce tableau, quoique suspendu dans la sacristie, appartient à la chapelle de la Ste-Vierge, où on l'expose pieusement le Vendredi-Saint et le jour de la fête de N.-D. des Sept-Douleurs.

Chapelle du St-Esprit : Mort de S, Agricol, archevêque d'Avignon, et transmission de son titre à S. Vérédème qui lui succède, indiqué par les insignes épiscopaux tenus par des anges. Premier pilier à droite, à l'entrée de l'église, Enfant Jésus tenu par sa Mère, présente l'anneau nuptial à Ste Catherine (souvenir sans doute de l'ancienne église, dont la consécration avait eu lieu le jour de Ste Catherine).

Statues

Ancienne statue en bois doré de N.-D. de Grâce, largement drapée : gratiâ plena - in utero habens de Spiritu Sancto, Ste Anne, statue en bois, assise avec Marie debout pour recevoir ses leçons maternelles. Cette statue ancienne semble réclamer sa place d'autrefois. On ne comprend pas pourquoi l'autel de Ste-Anne a été détourné de sa destination et est devenu l'autel de la Salette. Quelles statues dans cette chapelle et dans plusieurs autres ! S. Antoine de Padoue, don d'une famille généreuse qui, après avoir dirigé les travaux de l'église en la personne d'un de ses membres, a bien voulu contribuer à sa décoration.

Objets d'art

Chasse en bois doré, d'un très beau travail, surmontée d'une couronne royale, placée dans la chapelle du St-Esprit qui, suivant la tradition, est confiée aux soins hors de pair d'une seule personne. Le buffet des grandes orgues, dont l'instrument est à remplacer. La porte en fer de la tribune ; cette porte a appartenu à l'ancienne église.

La paroisse est assez riche en reliques, elle possède :

  1. une parcelle de la vraie croix ;
  2. un os de S. Mitre, patron d'Aix, et un de S. Basile, docteur, évêque, chacun dans un reliquaire en métal verni or, l'un à droite, l'autre à gauche du maître-autel, sur la boiserie du chœur ;
  3. un os de S. Ruf, patron de l'Ordre de St-Ruf, qui desservait le prieuré d'Eyguières ; cette relique est dans le beau reliquaire placé dans la chapelle du St-Esprit ;
  4. un os de S. Roch, dans un reliquaire en bronze doré, offert par les fidèles, à la chapelle paroissiale du saint ; la relique a été donnée par M. Bernard, curé archiprêtre de St-Trophime, et fut extraite du corps du saint conservé presque en entier dans cette église, à Arles. Deux cent cinquante personnes allèrent la recevoir et lui firent escorte ;
  5. Ste Philomène, relique placée dans le socle de la statue de la Ste-Vierge qui est sur l'autel de Marie ;
  6. reliquaire en forme de croix, revêtu en entier de nacre, contenant des reliques de la vraie croix, du St-Sépulcre, du Calvaire, de la colonne de la flagellation et de la crèche de N.-S. Cette croix remarquable fut apportée de Jérusalem, et donnée à la fabrique en 1870, par M. Verdot, Isidore, huissier à Marseille. L'autel de la Ste Vierge a une petite croix de même style ;
  7. un reliquaire donné par M. Félix, ancien curé d'Eyguières, en bois doré, supporté par un ange debout, sur le tabernacle de la chapelle de la croix. Il renferme les reliques suivantes : colonne de la flagellation ; des liens qui y attachèrent N.-S. ; du sépulcre de N.-S. ; du sépulcre de la Ste Vierge ; de S. Joachim ; de Ste Anne ; de S. Joseph ; de S. Pierre ; de S Paul, martyr ; de Ste Cécile ; de Ste Monique ; de S. Bonaventure ; de S. Blaise ; de S. Liboire ; de S. Gaétan, d'un saint dont le nom est illisible.

Elle est bien riche l'église qui possède un pareil trésor ; elle est sainte, car elle fut consacrée par Mgr Darcinoles, vers le milieu du XIXe siècle ; elle est belle par tous les ornements que possèdent ses nombreuses chapelles ; mais elle l'est devenue encore davantage, depuis qu'e1le a reçu, en 1898, le superbe carrelage dont l'élégante simplicité convient singulièrement à l'édifice. L'avenue centrale, ornée de rosaces et bordée d'une grecque élégante, rehausse déjà le tout et donne à l'ensemble un cachet de distinction qui est complété par le carrelage de toutes les chapelles, chacune avec un dessin différent, avec des marches en marbre à l'entrée, s'harmonisant ainsi dans le plus bel effet avec les marches arrondies qui décorent le vaste sanctuaire. Sur celles-ci sont tracées avec l'année 1899, les initiales de N.-D. de Grâce, de S. Vérédème, et celles d'une âme d'élite dont la modestie a exclu toute autre expression de reconnaissance, mais qui voudra bien ne pas blâmer ces lignes pour avoir fait cette bien simple allusion à l'anonymat dont il lui a plu de se couvrir.

Et puisque sans une autre générosité, celle de l'entrepreneur, enfant d'Eyguières, ce travail si urgent et si bien réussi n'aurait jamais pu être fait, pourquoi, après avoir nommé les constructeurs de l'église, ne dirions-nous pas le nom de M. Aillaud Vital, qui a voulu ainsi mettre sa nouvelle carrière sous la protection de N.-D. de Grâce. Les épreuves depuis ce jour ne lui ont pas manqué, gage assuré de réussite pour l'avenir.

Encore un détail qui a sa valeur. Non seulement le pas des habitants avait usé les dalles séculaires, mais encore les chaises tombaient de vétusté. Doter l'église de chaises élégantes, solides, séparées par des couloirs spacieux, et ajouter des bancs très commodes pour les enfants des écoles, c'était la transformation de l'église depuis le perron extérieur jusqu'à l'abside y compris le mobilier. Des personnes dont les largesses ne font jamais défaut, ont eu l'œil assez pénétrant pour le comprendre, et grâce à leur intervention aussi discrète que libérale, l'église a pu, avant la fin du siècle, être restaurée pour longtemps.

Puissent tous les donateurs et bienfaiteurs, recevoir la récompense de leur mérite ; puisse le ciel bénir toutes les familles qui ont contribué à faire le transport gratuit de tous les matériaux, et aussi toutes les personnes qui par leur présence, leurs chants, etc., ont rehaussé la solennité de la bénédiction de l'église rajeunie.

Source : Eyguières, son histoire féodale, communale et religieuse par l'Abbé Paulet.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 10788
  • item : Eglise
  • Localisation :
    • Provence-Alpes-Côte d'Azur
    • Bouches-du-Rhône
    • Eyguières
  • Code INSEE commune : 13035
  • Code postal de la commune : 13430
  • Ordre dans la liste : 3
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 18e siècle
    • 4e quart 18e siècle
  • Années :
    • 1778
    • 1783
  • Date de protection : 1984/12/28 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/06/04

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise (cad. AB 296) : inscription par arrêté du 28 décembre 1984
  • Référence Mérimée : PA00081251

photo : pierre bastien

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