narbonne

Narbonne, chef-lieu d'arrondissement (Aude), porte:

Parti, au premier de gueules à une clef d'or; au deuxième, aussi de gueules à une croix à double traverse, pattée, d'argent; au chef cousu de France.

Narbonne, dont on attribue la fondation tantôt aux Volcœ Aricomici, tantôt aux Atacini leurs voisins, était déjà le lieu le plus considérable de cette partie de la Gaule, lorsque, vers l'an 120 avant notre ère, les Romains y envoyèrent une colonie sur la proposition et sous la conduite du jeune Lucius Crassus. Cette ville, que Cicéron, dans son discours pro Fonteio appelle le boulevard du peuple romain dans les Gaules, porta les noms divers de Narbo Martius, en l'honneur du dieu de la guerre, de Julia Paterna, en reconnaissance de la part, que César avait prise à sa colonisation, et de Decumanorum colonia, parce que les soldats qui vinrent l'occuper avaient été tirés de la 10e légion. L'an 678 de Rome, Narbonne fut vigoureusement attaqué par les partisans de Sertorius. C'est dans cette ville que, cinquante ans plus tard, Auguste convoqua les députés des cités et fit le dénombrement de la population de la Gaule. Après avoir été quelque temps capitale de toute la Narbonnaise, elle le fut ensuite de la Narbonnaise première seulement. Entièrement consumée par le feu l'an 145 de J.-C., elle fut relevée par Antonin le Pieux. Ataulphe s'en rendit maître en 413, mais fut presque aussitôt forcé à l'abandonner par les troupes d'Honorius dont il venait d'épouser la sœur. En 462 la ville tomba, mais non sans une longue résistance, au pouvoir des Visigoths, livrée, dit-on, par Agrippin, son gouverneur. En 508, elle fut prise et pillée par Gondebaud, roi des Bourguignons, puis reprise par les Ostrogoths, qui étaient venus au secours des Visigoths. En 531, Childebert, roi de Paris, ayant vaincu Amalaric, roi des Visigoths, entra dans Narbonne, qu'il livra au pillage et abandonna presque aussitôt. En 567, elle devint de nouveau, sous Liuva I, capitale du royaume des Visigoths. En 672, Narbonne se révolta contre le successeur de ce prince, qui résidait alors en Espagne. Le duc Paul, envoyé pour soumettre les rebelles, s'y fit élire roi par eux, mais fut, l'année suivante, dépossédé par Wamba. Ce ne fut que l'an 719 que les Sarrasins, partout ailleurs vainqueurs des Visigoths, purent, sous la conduite de Zarna, se rendre maîtres de Narbonne. La population fut passée au fil de l'épée, et la ville repeuplée par une colonie de musulmans. Charles Martel, malgré la victoire qu'il remporta sous ses murs en 737, ne put y pénétrer, et Pépin le Bref la bloquait depuis sept ans, lorsque les habitants, secouant le joug des Sarrasins, lui ouvrirent leurs portes en 759. Les Normands s'en emparèrent en 859; les Sarrasins tentèrent inutilement d'y rentrer à la fin du onzième siècle. Au moyen âge, les marquis de Septimanie, comtes de Narbonne, firent administrer cette ville, d'abord par un vidame ou viguier, puis par un vicomte, dont le premier, Cixilane, tint en 802 un plaid solennel. Cette seigneurie releva plus tard du comte de Toulouse. Raymond V s'en empara en 1177; mais, en 1229, le vicomte et les habitants de Narbonne prêtèrent serment au roi saint Louis. En 1242, le vicomte Alaric la livra à Raymond VII, qui s'était révolté contre le roi de France. L'année 1382 vit la guerre s'allumer entre le vicomte et les habitants. C'est dans cette ville que fut conclu, en 1492, le traité par lequel Charles VIII cédait le Roussillon à l'Espagne. Narbonne fut enfin réuni à la couronne par suite de l'échange qu'en fit en 1507, contre le duché de Nemours, Gaston de Foix, dans la maison duquel cette vicomté était depuis 1447. Narbonne fut en 1582 soustrait, par le vicomte de Joyeuse, à l'obéissance du duc Henri de Montmorency, gouverneur du Languedoc. La peste, qui l'avait déjà ravagé vers le milieu du quatorzième siècle, y reparut en 1587 et en 1594. Les habitants, avaient d'abord embrassé le parti de la Ligue; ils s'en détachèrent en 1596 pour se soumettre à Henri IV. L'église de Narbonne fut métropolitaine dès 419. Pépin donna aux archevêques la moitié de la seigneurie de la ville; ces prélats furent, jusqu'à la révolution, présidents nés des États de Languedoc. Plus de quarante conciles se sont tenus dans cette ville. Des monuments de l'époque romaine, elle ne conserve que quelques fragments incrustés pour ainsi dire dans ses remparts, lors de leur reconstruction sous François I.

Source : Armorial national de France par Léon Vaisse, Traversier 1842/1860.