Château de Versas

Le territoire de la paroisse de Sanilhac, incliné au midi, s'élève progressivement depuis Laurac, sa limite sud (225m), à sa limite nord avec Rocles et Tauriers, dont il est séparé par le Roubreau et la Ligne, à des altitudes de 780m à la Tour de Brison et de 499m à Laval-le-Haut ; tandis que son chef-lieu est à 348 mètres. Borné à l'est par Largentière et Montréal, au sud par Laurac et Vernon, et à l'ouest par la rivière de la Beaume, qui la sépare de Beaumont.

Les eaux s'écoulent par le torrent de Blajou qui se jette dans la Beaume, près de Rosières.

Ce territoire est vaste, accidenté, semé de monticules et de ravins, et de nombreux villages et hameaux éloignés de l'église qui se trouve à l'extrémité ouest de la paroisse. Les produits sont variés, beaucoup de châtaigniers, des mûriers, des vignes, des arbres fruitiers, des prairies, peu de blé, aucune industrie.

De bonnes routes conduisent à Largentière et à Laurac, mais de très mauvais chemins font communiquer cette paroisse avec Vernon et Joyeuse.

Une source d'eau minérale ferrugineuse, dite la Boucharade, a une certaine renommée et commence à être exportée. Elle est située sur le versant ouest de la montagne, côtoyée par la Beaume et le chemin de Joyeuse à Valgorge.

L'étymologie de Sanilhac nous paraît être ; sanus locus, lieu sain, aéré. On a beaucoup disserté sur la signification de la terminaison des noms en ac. Les uns y trouvent : aqua, eau; les autres ; aculum, pointu, aigu ; ager, castrum, fort, lampe. Nous pensons que la désinence ac ou suffixe ac est d'origine gaélique, mieux, celtique, auquel les Romains ont ajouté un préfixe, qu'il faut interpréter par locus, lieu, pays. On pourrait en citer de nombreux exemples :
Solignac, lieu solitaire; Flaviac, lieu de flavius, florac lieu de flore ; Joviac, Jaujac, lieu de Jupiter; Laurac, lieu du vent, comme Montlaur, montagne du vent. Orthographe primitive: monto lauro, plus tard montlor. Vinezac, pays du vin ; Aurillac, pays d'Aurelieu, et bien d'autres dont la signification du préfixe nous échappe, tel que Chomérac, Barjac, Payzac, Ayzac, Orgnac, etc.

On trouve, dans la paroisse, trois châteaux : Brison, plus ancien, Versas et le moderne Brison.

Le vieux château de Brison, alias Montbrison, était situé sur une montagne inexpugnable, à 788 m. d'altitude, dominant les contrées méridionales, d'où la tour en ruine se voit encore de très loin :

« Cette forteresse, d'après les vieux titres des Montbrison, couvrait une superficie d'environ 426 toises carrées ; on y entrait par deux portes fortifiées. Celle du nord, flanquée de trois tours avancées et carrées, dont deux avaient trois voûtes l'une sur l'autre. Elles avaient cent pieds de hauteur et 88 pieds de circonférence. Le tout fortifié de remparts, redoutes, meurtrières. Une citerne creusée dans le roc, dans l'enceinte du fort, donnait de l'eau lorsqu'on ne pouvait aller à la fontaine qui coulait au bas du rocher. »

L'histoire des Brison est peu connue, quelques degrés seulement.

Pierre de Brison rendait hommage, le 25 août 1333, à Henri de Villars, évêque de Viviers.

Gabriel de Brison, premier du nom, épousa Smaragde de Beaumont, fille et héritière de Pons de Beaumont et de Marguerite de Pelet. Elle se remaria, en 1392, à Guillaume de Beauvoir VIe, sgr du Roure. Le 13 décembre 1383, elle avait donné la terre de Brison à Jean d'Entraigues, pour la rendre à celui des enfants qu'il choisirait, qu'elle avait eu du sgr de Brison et, par son testament, du 4 décembre 1435, elle fit son héritier son deuxième fils, Foulques de Beauvoir, à charge de prendre les noms et armes de Beaumont.

Le dernier des Brison, Gabriel IIe, fils de Garin IIe, épousa Louise de Garavel de St-Didier, laquelle étant veuve, sans enfant, fit son testament, le 12 décembre 1583, donnant tous ses biens et ceux de son mari : châteaux, et terres de Brison, Versas, à Jeanne de Cayres d'Entraigues, femme de Rostaing de Beauvoir du Roure de Beaumont.

Celle-ci les transmit à son fils aîné, Joachim de Beaumont, dit le Brave Brison, dont les enfants retinrent le nom.

Nicolas de Beauvoir de Beaumont-Brison, dernier de la branche cadette, épousa, en 1782, Denise de Beauvoir du Roure, la dernière de la branche aînée, héritière de sa maison, par la mort de son frère ; mariage qui réunit les deux branches séparées depuis l'an 1420.

Peu de temps avant la Révolution, les Baumont-Brison avaient fait construire le magnifique château de Brison, sur la paroisse de Sanilhac, qui fut détruit dans les premières années de la République. Ils étaient, en-outre, possesseurs du château de Largentière, acquis en 1716, de l'évêque de Viviers et de celui de Montréal, acquis, en 1775, de Madame de la Gorce, née d'Hautefort.

Pendant les guerres du moyen-âge et de religions, des signaux s'échangeaient entre les points culminants de Brison, Sampzon, Mirabel, l'Escrinet, Tauriers, Montréal, etc.

La maison de Montbrison, établie en Vivarais, à la fin du XIIe siècle, était originaire du marquisat de Provence.

Guigo de Montebrisone ayant pris le parti, en 1143, de Reymond Bérenger, comte de Barcelone, contre Etienne des Baux, fut, après la mort de Bérenger, en 1166, obligé de se soustraire aux violences des sgrs de Baux, devenus princes d'Orange, en 1178. Guigo de Montbrison se réfugia en Vivarais, où on le trouve possesseur de la seigneurie de St-Pierre de Malet, à laquelle il donna son nom de Montbrison, et de celle de Versas, dans la même paroisse.

Ce dernier château, qui existe encore, bien défiguré, fut la demeure des sgrs de Montbrison, en temps de paix.

Il était situé au midi, et plus bas que celui de Brison, ayant été construit au milieu du XVe siècle, avant la destruction de Brison. A cette époque, par suite de là convention, qu'il serait trop long de rapporter, la seigneurie de Montbrison fut partagée en trois. L'évêque de Viviers eut un sixième, le sgr de Montréal, trois sixièmes, et le sgr de Montbrison, deux sixièmes. La part de Montréal fut, peu après, divisée, et en 1580, dix-sept seigneurs jouissaient de quelques lambeaux (Terrier de Versas). Guido, ou Guy de Montbrison, le plus ancien connu, signe, comme témoin, en 1146, une charte confirmant une donation faite à l'abbaye de Toronet par Reymond Bérenger le Vieux, comte de Barcelone et de Provence.

En 1149, il signe une autre donation à l'abbaye de Sénanque par le comte de Provence.

N..... De Montbrison rendit hommage, en 1207, à l'évêque de Viviers, Bernon.

Au VIIIe degré, Louise de Montbrison, héritière de sa famille.

Dame de Montbrison, Versas, la Bastide de Vielprat, etc. Epousa :
1/ Claude Laurent de Rochessauve ; 2/ en 1529, Victor Bermond de Combas, gouverneur du Bourg-St-Andéol.

Ce fut celui-ci, fougueux huguenot, qui, en 1553 et 1562, accompagné de son frère, Jean de Combas, et de son fils Valentin, pilla, brûla le couvent des Cordeliers de Largenlière, et massacra les religieux. La punition ne se fit pas attendre, car Victor fut assassiné par ses propres fils, Valentin et Tristan, de complicité avec Jean de Malet, curé de Largentière, apostat devenu huguenot.

De ses huit enfants, il ne survécut qu'une fille, Michelle de Montbrison, danie de Versas, la Bastide, etc., qui, par la mort de ses frères, profita de la substitution portée au testament de Louise de Montbrison, sa mère, qui épousa, le 27 juin 1562, Dominique de Bernard, sgr de Parignargues, dont les enfants formèrent la deuxième maison de Montbrison, obligés par le testament de ladite Louise de prendre les noms et armes qui étaient : de sable à la Tour d'argent.

Cette nouvelle maison de Montbrison fit sa résidence au château de Versas, jusqu'en 1703.

Au XIe degré, Henri de Bernard de Montbrison, né au château de Versas, épousa, en 1680, Blanche Brun, de Fourchacles, et, à cette occasion, il rentra clans le giron de l'église catholique.

Il testa, en 1713, instituant pour héritier, son neveu, Scipion Guillaume de Bernard de Montbrison, qui forma la branche passée en Alsace, et existant de nos jours.

Jacques de Bernard, sgr de Versas, frère aîné d'Henri, n'eut qu'une fille, qui épousa, en 1669, Jacques de Tardivon, dont la fille aînée, Judith de Tardivon, dame de Versas, épousa, en 1702, François de Belin, sgr de Colombier-le-Jeune. N'ayant pas eu d'enfant, elle céda, par voie d'échange, en 1703, sa terre de Versas et partie de celle de Vielprat, au marquis du Roure de Beaumont-Brison. Les fiefs de Rochepierre et de Las Couches, dans la même paroisse, appartenaient, dès la fin XIVe siècle, à la famille de Fayn, sgrs de St-Remèze, qu'ils conservèrent pendant sept générations, jusqu'à leur extinction.

Parmi les nombreuses familles, qui eurent des possessions à Sanilhac, nous ne citerons que les principales : les Balazuc, Borne, Rochessauve, Castrevieille.

La famille Vézian, d'origine notariale, du lieu du Marinier, paroisse de Sanilhac, forma un-grand nombre de branches, dont une prit la qualité de noble, après avoir acquis, en 1711, la seigneurie de Laurac. Elles sont toutes éteintes ou disparues du pays.

Source :

  • Titre : Revue historique, archéologique, littéraire et pittoresque du Vivarais illustrée.
  • Éditeur : Brun fils (Lyon)
  • Date d'édition : 1893-1921

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 7657
  • item : Château de Versas
  • Localisation :
    • Rhône-Alpes
    • Ardèche
    • Sanilhac
  • Code INSEE commune : 7307
  • Code postal de la commune : 07110
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1927/05/31 : inscrit MH partiellement
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Un élément répertorié fait l'objet d'une protection : tour
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une société privée 1992
  • Détails : Tour : inscription par arrêté du 31 mai 1927
  • Référence Mérimée : PA00116813

photo : alain07

photo : webmaster

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