photo : alain07
Le château de Joyeuse, habité tour à tour par les seigneurs de la maison d'Anduze, par ceux de la maison de Châteauneuf-Randon et de Joyeuse, et par ceux enfin de la maison de Lorraine, est aujourd'hui la propriété de la ville. Privé de ses tours, de ses créneaux et de ses bastions, ce château ne présente plus qu'un vaste bâtiment carré au-dessous duquel la ville de Joyeuse s'étend insouciante et heureuse.
Dans ce château vécurent les membres les plus éminents de la famille de Joyeuse. L'un d'eux même, Guillaume, vicomte de Joyeuse, qui fut d'abord destiné à l'état ecclésiastique, et nommé évêque d'Aleth avant d'être entré dans les ordres, et qui, devenu chef de la famille après la mort de son frère ainé, quitta cette carrière pour suivre celle des armes, et fut successivement créé lieutenant-général et maréchal de France, y était né dans les premières années du XVIe siècle.
Un ancien biographe, peu consulté et peu connu, assure encore que les deux fils aînés du précédent, Anne de Joyeuse, le trop célèbre mignon du roi Henri III, et son frère, François de Joyeuse, cardinal, archevêque, président de l'assemblée du clergé en 1605, qui conçut l'idée du cânal du Languedoc, idée grandiose et féconde réalisée si heureusement plus tard par le génie de Riquet, sont nés aussi dans ce château, l'un en 1561, et l'autre en 1562. Mais ce fait, dont ce biographe ne rapporte pas la preuve authentique, ne doit être accepté qu'avec une défiance extrême.
Les archives du duché de Joyeuse, si riches en titres originaux et en manuscrits curieux, nous auraient sans doute fixé sur ce fait, si elles n'eussent pas été brûlées en entier à l'époque de la révolution française.
Source : Souvenirs de l'Ardèche Par Ovide de Valgorge en 1846.