photo : pierre bastien
Le Bar-sur-le-Loup est un village médiéval situé en hauteur sur la D2210 qui mène de Grasse àVence. Les maisons très anciennes, serrées les unes contre les autres autour du Château et de l'Église, forment un rempart.
Comme une poterne avancée, le village de Bar-sur-Loup s'est rivé au seuil des gorges d'un torrent verdoyant. Bien campé sur une crête rocheuse, il semble défier les mauvais coups du sort. Il faut dire que les milliers d'oliviers qui le ceignent, constituent pour lui un véritable symbole de paix. L'église Saint-Jacques se dresse sur la place de la petite cité. Curieux et riche monument, où le fidèle découvre des mystères autres que les grands secrets chrétiens.
L'édifice a une façade nue et le clocher moderne a été accolé au monument en 1830. La porte d'entrée a été percée sur un des côtés de la bâtisse. Elle est surmontée d'une ogive bordée de colonnes sculptées. Elle fut construite en 1741 par ordre du Roy René. Les bois de la porte finement sculptés sont l'œuvre de Jacotin Bellot.
Tout puriste trouvera étrange le curieux plan de l'église. En effet, l'intérieur est constitué par une nef centrale sans transept, mais avec deux absides carrées. En face de la porte, un pilier offre deux ouvertures donnant accès à un collatéral unique, terminé à l'Orient par une chapelle et à l'Occident par le Baptistère. Ce dernier est symboliquement placé dans la direction des ténèbres, ce lieu de prédilection de tous ceux qui n'ont pas reçu la lumière divine que confère le sentiment du baptême.
L'intérieur, éclairé par de rares fenêtres, est très sombre. Heureusement, une minuterie électrique guide les pas des visiteurs.
Louis Bréa a signé le très beau retable à Saint-jacques le Majeur qui domine le maître autel. Cette œuvre d'art mérite qu'on la détaille, car elle s'inscrit dans la superbe collection de la grande école niçoise, qui a su répartir dans les églises de la région ses plus magnifiques toiles.
Mais c'est au fond de la nef, près des tribunes, que l'on découvre une des plus saisissantes peintures qui ornèrent au XVe siècle, les lieux de culte provençaux. Il s'agit d'une danse macabre dont le côté tragique pourrait évoquer Phèdre, victime des dieux, coupable malgré elle, tourmentée par les remords : synthèse même de l'humanité.
Source : citation tirée de Les chapelles alchimiques du Sud-Est : le grand secret des Antonins par Guy Tarade 1999 Editions Cheminements.