photo : Château de Sauvan
Mane, en latin Mana, est bâti sur le penchant d'une petite colline et sur la rive droite de la Laye, à 3 kil. S. O. de Forcalquier, et à 50 S. O. de Digne. L'étymologie de Mane vient du latin Manes, à cause sans doute du grand nombre de pierres tumulaires ou des autels érigés aux dieux Manes. On découvre fréquemment aux environs de ce bourg, des vestiges de sépultures anciennes, tels que urnes, lampes, médailles. Au quartier dit des Cailleles, on trouva, dans le commencement de notre siècle, une forge entière en maçonnerie, une grande quantité de clous, et quelques morceaux de fer, ouvrages présumés sarrazins.
Mane est un bourg des plus considérables et des plus agréables du département. Les jardinages et l'agriculture y étalent les plus riches productions. Les fruits qu'on y recueille, sont gros et d'un goût recherché, principalement les poires. Le territoire de Mane est coupé par de petits canaux qui arrosent et fertilisent la plaine couverte de prairies. Le blé, l'huile et le vin sont les principales productions du lieu.
On exploite dans les coteaux voisins une belle carrière de pierres tendres et bonnes pour les constructions. On trouve à l'est du village, l'ancien couvent des Minimes, grande, vaste et belle maison, placée dans un site avantageux. Ce couvent fut fondé en 1602, par Melchior de Janson : cent ans après la fondation, un arrière-petit-fils du fondateur dota et embellit la maison de ces religieux. Le cardinal du Janson lui légua ensuite sa riche bibliothèque. Vendu, après la surpression des ordres monastiques en France, ce bel établissement a déjà éprouvé les tristes ravages du temps. L'église, autrefois décorée des copies des plus beaux tableaux de Rome, ne conserve plus que son architecture élégante, ses arceaux à plein cintre, ses pilastres cannelés. Les pères Minimes étaient jadis prieurs-décimateurs de la paroisse de Mane.
A un kilomètre du village et sur la route de Forcalquier à Apt, on voit le beau château de Sauvan, remarquable par son architecture et par sa vaste étendue. Il avait été construit par M. de Janson, frère du cardinal.
La construction du château est confiée à Jean-Baptiste Franque en 1718. En 1810, la propriété est vendue à l'abbé Sollier dont les héritiers font exploiter les terres alentours, réduisant le parc d'agrément à trois terrasses. Une pièce d'eau occupe l'espace entre le château et le pavillon des communs. Certaines dispositions du parc datent du XIXe et du XXe siècle.
Source : Ministère de la culture et Géographie historique et biographique du département des Basses-Alpes par Jean-Joseph-Maxime Feraud (1844).