Eglise Saint-Sulpice

Malgré l'affirmation d'un brave habitant de Langy, nous persistons à croire que les moines de l'ordre de Saint-Benoit, et non les Romains, élevèrent l'église et bâtirent l'abbaye aujourd'hui détruite. Il n'y avait que les bénédictins qui sussent choisir ces situations mi-côteaux, mi-prairies, il n'y eut qu'eux, surtout, qui surent donner à leurs monuments, ce cachet religieux où le gracieux détail vient si à propos tempérer l'austérité de l'ensemble. A l'exception de la flèche en pierre qui surmontait le clocher, l'édifice est encore au grand complet ; à l'extérieur les trois absides correspondant aux trois nefs, s'arrondissent moelleusement à l'orient ; un pignon à l'angle sévère surmonte celle du centre ; il sert, avec les deux transepts, de base au clocher qui s'élance en forme octogone à une assez grande élévation, où il est arrêté par une arcature à jour, présentant deux baies sur chaque pan coupé.

L'effet général est des plus pittoresques ; aussi nous ne pûmes résister au plaisir d'en faire chacun un croquis que nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici. Les formes sont des plus régulières, et n'était une malencontreuse sacristie poussée depuis peu comme une verrue sur un beau visage, et l'absence de la flèche, l'archéologue le plus difficile ne trouverait rien à redire à ce bel édifice.

A l'intérieur, trois nefs, dont celle du milieu, plus élevée, est voûtée en berceau avec arcs doubleaux reposant sur des pilastres, et les deux des bas côtés, en quart de cercle comme à Notre-Dame du Port ; elles sont divisées dans leur longueur par cinq arcades plein-cintre. La nef principale et celles collatérales sont éclairées par de petites baies parfaitement combinées de disposition et de dimension, pour ménager et ne laisser pénétrer qu'un jour mystérieux qui dispose l'ame à la méditation.

Les proportions sont des plus restreintes, puisque la longueur totale n'excède pas 25 mètres, et la largeur 11 mètres ; mais il faut admirer avec quelle science on a rempli et tiré parti de ce petit espace, avec quel art on a combiné les pleins et les vides, avec quel goût et quelle harmonie les lignes en ont été arrêtées. Il est fâcheux, ainsi que nous l'avons dit, que la nature des pierres de cette contrée se présente si rebelle au ciseau du sculpteur ; nul doute, si elle eût été plus malléable, qu'à la rigidité des lignes, nous n'ayons eu à ajouter la grâce et l'élégance de l'ornementation. Malheureusement, on ne rencontre ça et là et comme pour sceller l'œuvre du cachet de l'école bénédictine, que ces rares modillons, si connus de l'archéologue. On voit bien encore, gravées sur le linteau de la porte de la sacristie, des figures bizarres ; mais l'incohérence des lignes et le fruste de la pierre ne nous permettent pas d'en donner l'explication d'une manière satisfaisante, nous nous contenions de les signaler à de plus habiles.

En 1793, lors de l'aliénation des biens du clergé, l'église de Langy fut vendue, moyennant trois louis d'or, à un particulier qui la convertit en magasin à fourrages, après avoir remplacé la flèche par un ignoble toit biscornu. Mais en 1836, les habitants de Langy, honteux d'un tel état de choses, rassemblèrent une somme de sept mille francs, prix fixé pour le rachat de l'édifice, réclamèrent un prêtre, et reconstruisirent leur paroisse longtemps veuve d'église et de curé. Au moyen de quêtes faites à Paris et ailleurs, on put faire badigeonner l'église, acheter chez le doreur sculpteur Térasse de Moulins, qui est à la statuaire ce que Zacchéo est à la peinture, un crucifix peint en couleur de chair, des saints tout d'or habillés, faire venir de Paris trois lampes argentées, deux lustres, des flambeaux, une croix processionnelle , un beau Chemin de la Croix colorié, des fabriques de la rue Saint-Jacques, une lithochromie du quai Malaquais, une copie de la Jardinière de Raphaël, un portrait de Saint Sulpice, par M. Duval le Camus fils ; enfin, le menuisier de l'endroit éleva une chaire flanquée des quatre évangélistes en carton pierre, et le tout, soigneusement recouvert de housses de gaze, fait l'orgueil du curé, l'admiration et la joie des paroissiens. Ah! si le goût du curé de Langy était à la hauteur de son zèle et de sa persévérance, quelle œuvre merveilleuse il eût accomplie et combien nous le féliciterions de tout notre cœur !

Un assez bon tableau, accroché au-dessus de la porte d'entrée, et représentant un religieux et une religieuse de l'ordre de Saint-Benoit, agenouillés devant la Vierge, a les mâles allures du pinceau de Guy François du Puy-en-Velay.

Enfin, une pierre scellée dans le soubassement de la chapelle de Saint-Sulpice, porte l'inscription suivante:

Épitaphe

De damoiselle Jacqueline de Morainville et de Pourpry femme

Au sieur de pont de Pradine gentilhomme de la maison du roy

qui décéda le XXIXe de septembre Mil Ve IIIIxe VI et mourus de

peste entre les bras de son mari qui ne l'abandonna point

en ceste dangereuse maladie et finit ses jours avec tant de

reconnaissance de ses facultés et une telle

espérance en la mort et résurrection

de Jésus Christ notre seigneur

qu'il n'y a doute quelle ne

soit bien heureuse en paradis

Amen

quoique ce lieu de soi semble lieu de ténèbres

si ne faut il pourtant l'orner de draps funèbres

il y faut cultiver non les larmes ni les pleurs

mais une gaie humeur mile tiges d'odeurs

pour éclore un printemps éternel de fleurettes

de laurier verdoyants de fraiches violettes

dont l'élevé berceau proprement compassé

clora les chastes os de ce corps trépassé

montrant que la douceur de ces fleurs ombrageuses

favorise la fleur des dames vertueuses

et que ces ????? frais en leur diversité

conservent les honneurs de sa simplicité

son corps repose ici et l'âme pur et belle

sied au sein d'Abraham en la gloire immortelle

on si bienheureuse âme, O esprit glorieux

parmi les saintetés qui résident aux cieux

âme qui fut vivant et depuis non pareille

l'ornement d'ici bas et du ciel la merveille.

Source : L'art en province: histoire, littérature, voyages 1836.

Langy, Langiacum. Saint-Sulpice, uni à la mense abbatiale de Cluny (Abbayes et prieurés de l'ancienne France 1912 p130).

Edifice roman du XIIe siècle à trois nefs séparées par de lourds piliers, sans colonnes engagées, qui reçoivent la retombée des voûtes sur des impostes au chanfrein. La nef centrale est voûtée en berceau, les collatéraux en quart de cercle. Vers le milieu du XIIe siècle, une partie du choeur et du sanctuaire a été relevée, et les arcs en tiers point qui portent le clocher ont été construits. Les absides ont été surélevées récemment, comme en témoignent les traces des anciens modillons.

Source : Ministère de la culture.

Épitaphe française, en vers et en prose, de damoiselle Jacqueline de Morainville, femme du sieur Dupont de Pradines, gentilhomme de la maison du roi, morte de la peste, le 29 septembre 1586, entre les bras de sou mari, qui ne voulut point l'abandonner.

photo pour Eglise Saint-Sulpice

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 3526
  • item : Eglise Saint-Sulpice
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Langy
  • Code INSEE commune : 3137
  • Code postal de la commune : 03150
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 11e siècle
    • 12e siècle
  • Date de protection : 1926/12/28 : inscrit MH
  • Date de versement : 1993/08/27

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 86fd0af7c9873505ed3d84a16dc98d70.jpg
  • Détails : Eglise : inscription par arrêté du 28 décembre 1926
  • Référence Mérimée : PA00093131

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien

photo : pierre bastien