photo : pierre bastien
L'ancienne abbatiale Saint-Léger est un monument roman jouxtant d'anciens bâtiments conventuels du XVIIIe siècle. A l'intérieur, présence de peintures murales romanes sur la tribune, et gothiques sur deux piliers de la nef.
L'abbaye de saint Léger d'Ebreuil, Ordre de saint Benoît, est située dans la petite ville de ce nom fur la Sioule, à 2 lieues de Gannat, et à 3 de Ménat. Elle fut fondée en 971 à l'honneur de la sainte Vierge, de saint Pierre, de saint Paul et de saint Léger. La mense conventuelle a été supprimée en 1767, et ses biens ont été destinés à l'établissement d'un hôpital administré par les Frères de la Charité. L'abbaye est taxée 396 florins 1/4, et vaut 7000 livres.
Source : Le clergé de France, ou tableau historique et chronologique des archevêques par Hugues Du Tems 1775.
Dès l'an 806, il existait à Ebreuil une abbaye placée sous l'invocation de Saint-Léger, et des moines, qui étaient persécutés dans le Poitou, vinrent s'y réfugier et s'y établirent. Suivant la légende de saint Léger, le titre le plus ancien de cette abbaye est une bulle donnée par le pape Pascal II en 1115 ; pourtant on en cite une précédente de Grégoire VII, donnée en l'an 1080, qui a disparu. L'abbaye de Saint-Léger, autrefois régulière et de l'ordre de Saint-Benoît, n'était pas soumise à Cluny, elle formait une espèce de chef d'ordre ; mais le relâchement s'y était introduit depuis longtemps, lorsqu'en 1737, Louis XV permit à l'évêque de Clermont de procéder à la suppression de la mense conventuelle et des offices claustraux, pour en réunir les revenus au séminaire de Clermont. Sur l'opposition des habitants d'Ebreuil, cette réunion ne s'effectua pas ; toutefois le dépérissement de l'abbaye de Saint-Léger devint tel, qu'en 1765 ses revenus n'avaient pas suffi à nourrir les quatre religieux qui l'habitaient encore, et qui, en huit ans, s'étaient endettés de 20,000 livres. C'est alors que par lettres patentes de juillet 1765, enregistrées au Parlement le 5 août suivant, le Roi fonda à Ebreuil un hôpital de l'ordre de la Charité, et lui attribua, comme dotation, les biens et revenus de l'abbaye de Saint-Léger. Après les procédures ordinaires, l'évêque de Clermont, par son décret du 5 mai 1767, supprima et éteignit la conventualité de cette abbaye et les bénéfices simples qui en dépendaient. Ce décret ordonnait encore :
Ces pensions, dont il est question dans le décret de l'évêque de Clermont, et que les Frères de la Charité devaient payer aux anciens religieux ou titulaires des bénéfices de l'abbaye de Saint-Léger, ne laissaient que 1257 livres de libres sur un revenu de 5,000 livres Les charges qui pesaient sur l'hôpital d'Ebreuil étaient donc fort considérables, et les religieux envoyés pour desservir cet hôpital ne pouvaient donner que des secours bien insuffisants à la population de quatre mille âmes qu'ils étaient appelés à soulager ; aussi le mémoire des Frères de la Charité demandait au ministre une subvention annuelle de 1500 livres, qui « mettroit les religieux en état de donner la vie à une infinité de malades n'ayant pas de quoi s'alimenter et dont la plus grande partie périssent faute de ce secours ». La révolution de 1789, en dépossédant les religieux de la Charité de leur maison d'Ebreuil, anéantit en même temps tous les titres des lourdes charges qui avaient été imposées à cet établissement, et aujourd'hui il contient seize lits et jouit d'un revenu annuel de 6,600 francs.
Source : De l'ordre de la charité de Saint-Jean-de-Dieu par Em Leguay 1854