Eglise Saint-Martin

Parmi les églises visitées lors de l'excursion de 1913, celle de Besson tient le premier rang par son importance et la régularité de ses proportions architecturales. Et c'est beaucoup dire en sa faveur que de constater qu'elle tient un rang des plus honorables parmi les beaux édifices de cet admirable canton de Souvigny, qui groupe autour de la grande basilique prieurale, comme de dignes satellites, les églises de Saint-Menoux, de Meillers, d'Agonges, de Chemilly, d'Autry-Issard et de Gipcy.

On peut faire entre l'église de Besson et celle de Chemilly, sa voisine, dont nous venons de parler, plus d'un rapprochement. C'est, spécialement, la même simplicité de plan, qui comprend trois nefs, un transept qui ne déborde pas sur les murs des collatéraux, et trois absides.

A Besson, comme à Chemilly, nous trouvons, sur la façade, des portes qui semblent calquées l'une sur l'autre, à part quelques légères variantes dans les moulures des archivoltes ; des portes latérales sculptées ; enfin le même système de voûtage.

Seulement l'église de Besson l'emporte sur la seconde par ses proportions, l'harmonie de sa construction, l'emploi de colonnes et de chapiteaux sculptés à la place des simples impostes et des lourds piliers de Chemilly, l'ampleur de sa porte principale, l'intérêt de certains ornements de sa porte latérale, la disposition et la décoration des fenêtres de l'abside maîtresse.

On dirait que les deux monuments sortent de la même main, mais que le maître d'œuvre, disposant peut-être de plus de ressources et profitant des progrès réalisés en architecture depuis la construction de l'église de Chemilly, a construit à Besson un édifice roman plus grand, plus parfait et, dans son ensemble, plus riche.

L'extérieur de l'église Saint Martin de Besson

L'église, à l'extérieur, offre de remarquable ses deux portes et là disposition des fenêtres de l'abside.

Quant au reste, fenêtres étroites romanes, contreforts peu saillants, modillons à sculpture rudimentaire, on les retrouve dans les édifices voisins.

L'abside maîtresse est percée de trois fenêtres qui sont assez rares dans la région. Elles ont leur tableau établi, à l'extérieur, en retrait sur le mur et encadré par une archivolte, ce qui donne une véritable importance à ces baies.

Grande porte de la façade

La porte principale, tout en étant inférieure par la sculpture à la porte latérale, est cependant bien comprise et d'un bel effet architectural.

Le tympan uni qui forme linteau est encadré par quatre archivoltes dont la première, sans ornement, s'élève sur les pieds-droits et un tailloir composé d'un bandeau, d'un onglet, d'un large et élégant cavet. La seconde archivolte offre à son angle un épais tore entre deux listels ; la troisième a un cavet et un rang de perles entre listels ; la quatrième enfin, un cavet sur lequel mordent des dents de scie ; le tout serti par un cordon orné des oves et d 'un listel au devant du bandeau, qu'on rencontre a Chemilly et sur presque toutes les portes romanes des églises des environs.

La sculpture des six chapiteaux est empruntée à l'ornementation végétale et animale. Deux, a droite, sont couverts par des rinceaux de feuillages dans le goût de ceux que nous avons signalés sur la porte principale de Chemilly et qu'on retrouve sur la porte latérale. Sur le troisième, trois hommes s'agitent comme des grotesques. Les chapiteaux de gauche présentent des animaux fabuleux, le double grillon, des chevaux réunis par une seule tête, enfin des coqs.

Petite porte latérale

La petite porte latérale est plus richement décorée. Elle peut rivaliser avec la porte principale de l'église de Chemilly et même elle lui est supérieure par certains détails.

Les chapiteaux sont du même genre, j'allais dire de la même main, que ceux de la grande porte. Trois d'entre eux sont la réplique exacte de ceux qu'on voit sur la Façade. Les tailloirs ont plus de moulures que ceux de la porte principale et comprennent, comme ceux de Chemilly, un bandeau, une baguette, une doucine, une autre légère baguette et un cavet.

Le tympan uni, formant aussi linteau, a été décoré à diverses époques de symboles et de scènes peintes. Il n'en reste rien aujourd'hui. Il est encadré d'une riche archivolte ornée sur le chanfrein d'un joli rinceau feuillagé que nous avons déjà trouvé sur la porte de l'église de Chemilly, et d'un rang de dents de loup, qui rappellent de très loin des oves classiques ; la seconde archivolte a son angle découpé par deux cavets séparés par un onglet ou grain d'orge, et sa face couverte d'un rang de petits crochets du plus charmant effet et que je n'avais jamais rencontrés sur nos monuments. La troisième, a l'angle creusé en cavet, offre des dents de scie sur son plat. Quant au cordon, il mérite d'être signalé à l'égal de la décoration de la seconde archivolte, car il porte, sur le chanfrein, un ornement câblé ou entrelacs fort rare chez nous, rompant la monotonie des chapelets habituels d'oves, tout en encadrant fort artistiquement ce bel ensemble de sculptures.

Le clocher

Le clocher qui s'élevait à la croisée du transept s'écroula en 1700, ainsi qu'en témoigne une note insérée par le curé de Bresnay dans le registre des actes de baptêmes, mariages et sépultures de cette paroisse : « Du unzième juillet mil sept cent, le clocher, les cloches, le cœur et la chapelle de Fourchaud de l'esglise de Besson est tombé. ll y a eu deux cloches de fendues, sçavoir la seconde et la plus petite des quatres. Personne, par un grand bonheur, ne s'est trouvé dessous, quoyque ce fut un dimanche, sur les trois heures du soir, comme on alloit dire vespres. M" Ganet, vicaire, pour lors partit le 14 du même mois et an pour aller présenter requeste à Monseig. de Clermont aud. lieu, tendante à la restauration de ladite esglise. »

Il est probable que les démarches faites à Clermont par le vicaire de Besson, pas plus que celles des curés successifs de la paroisse, en vue de la restauration de l'église, ne purent aboutir. En tout cas, la base du clocher, seule subsistante, a été surmontée d'un simple beffroi en bois qui existe encore.

Les fâcheuses modifications

On a malheureusement ajoute au flanc nord de l'église une sacristie qui la « défigure ». Les toitures ont été redressées sur les murs sur élevés des absides d'une maladroite et inesthétique façon. Enfin la brutale coupure du toit qui recouvre le bras nord du transept achève de déshonorer fâcheusement cet édifice pourtant si remarquable par son intérieur.

Intérieur de l'église

On peut dire de cette église ce que nos Saintes Lettres proclament de la mystique fille du Roy : « Toute sa gloire est en dedans. » (Ps. XLIV, 14.)

Plan de l'église de Besson (Allier)

Plan de l'église de Besson (Allier)

En effet, si on excepte les deux belles portes dont nous venons de parler, l'extérieur de l'église de Besson reste au dessous de l'intérieur.

Nous nous proposons, comme nous le disions à propos de l'église de Chemilly, de faire remarquer ailleurs quelle harmonie de construction ces églises révèlent, et comment, à l'aide d'une triangulation savante que les monuments de l’Égypte décèlent déjà et que le moyen âge a si souvent appliquée, les proportions de chaque partie sont parfaites, la place des appuis et des ouvertures principales indiquée rigoureusement.

Nous distinguons deux campagnes de construction dans cet édifice. Ce n'est pas que nous pensons qu'il existe entre les deux comme une coupure. Le plan nous parait évidemment avoir été conçu en entier. D'autre part, nous ne pensons pas qu'il y eut un vrai temps d'arrêt dans sa construction. Mais en cours de travaux. l'architecte a dû mettre à profit certaines dispositions particulières qui étaient à la mode et qui semblaient un progrès. C'est ainsi que les quatre piliers des deux premières travées (j, k, r, q) ont seuls les bases de leurs colonnes ornées de griffes. On ne rencontre pas ce détail dans les autres parties de l'édifice. Ces spécimens caractéristiques indiquent assez les différences dans ces parties du monument. Des quatre bases dessinées ci-contre, l", l', s', appartiennent à la partie du chevet ; p, au mur de la façade. La première (l") se retrouve à Saint-Benoît-sur-Loire. On remarquera surtout la forme du boudin inférieur de l' et s', affectant la forme d'un quart de rond, et les curieuses griffes de q" et q', formés de feuillages disposés à plat ou enroulés.

La nef centrale a été voûtée au XIXe siècle en berceau plein cintre. Mais nous pensons qu'elle était primitivement, comme celle de l'église de Chemilly, recouverte d'un berceau brisé.

Les bas-côtés ont des voûtes d'arêtes. Le transept est aujourd'hui voûté en berceau. La voûte du clocher a été refaite également dans le second tiers du siècle dernier et repose sur des nervures ogivales. Les grands arcs sont en tiers-point ; ceux qui séparent les collatéraux du transept-ont leurs arcades doublées (t-z, m-h).

Lors d'une restauration de l'église, pour soutenir sans doute le clocher, les premiers piliers de la nef ont été renforcés par une massive maçonnerie du plus disgracieux effet.

Les fenêtres de l'abside maîtresse sont cantonnées de colonnettes surmontées de chapiteaux sculptés et dont le tailloir se prolonge, comme un bandeau, dans l'intérieur de l'ébrasement.

Le mobilier

Les autels

Les registres de catholicité de la paroisse font mention d'un autel de la Vierge dans la chapelle Notre-Dame qui appartenait aux seigneurs de Fourchaud et qui «joignait le chœur » ; enfin, d'un autel dédié à sainte Madeleine.

Les statues

Parmi les statues qui meublent l'église, nous en trouvons deux, d'ailleurs de mérite bien inégales, dignes d'être signalées. La première, et la plus ancienne, est une statue en pierre de saint Sébastien. Elle mesure 0m,80 avec son socle. Nous constatons une fois de plus combien le culte du saint martyr était répandu dans ces contrées. Saint Sébastien est représenté attaché à la colonne, sur un fort joli socle dont le centre est décoré d'un écusson sans figures et les extrémités de feuilles d'acanthe. C'est une excellente œuvre de la fin du XVIe siècle qui, libérée de la peinture dont on l'a « ripolinée », ferait assez bonne figure parmi les objets du Mobilier Historique. La seconde statue, en bois, est celle de saint Roch. D'un mètre de hauteur, sculptée au XVIIIe siècle, elle est, comme œuvre d'art, très inférieure à la première.

Les cloches

Avant 1789, le beffroi de Besson possédait quatre cloches. Les actes de catholicité de la paroisse mentionnent la fonte de la grosse cloche le Ier mai 1628, et la bénédiction de deux autres cloches le 15 novembre 1717 :

« Bénédiction de 2 cloches de la paroisse ; parrains et marraines : de la grosse cloche, nommée Marie : J.-B. Roussel, écuyer, seigneur de Bost et Tilly, et Louise Roy des Bouchaines, femme d'Etienne Baugy, seigneur de Rochefort, trésorier de France ; de la petite, nommée Blaise : Pierre Hugon, seigneur de Fourchaud et Pouzy, et Claude-Marie de Gaudon, dame de Ris et Banassat. »

Aujourd'hui, deux cloches sont suspendues dans le beffroi.

En dehors de l'église, Besson possédait un établissement hospitalier créé par la charité catholique au cours des siècles ; Mais il ne reste rien aujourd'hui de la Maison Dieu et Hôpital de Besson, mentionnée dans un acte du 20 mars 1580.

La Révolution est encore passée par là …

Source : Bulletin revue Société d'émulation et des beaux-arts du Bourbonnais 1913.

Eglise romane du XIIe siècle, qui se compose d'une nef avec bas-côtés et un double transept sur lequel s'ouvrent deux absidioles et un sanctuaire de plan semi-circulaire. Le choeur et le transept forment les parties les plus anciennes, pouvant remonter au XIe siècle. La nef et deux collatéraux sont terminés par des absides à trois fenêtres cantonnées de colonnes surmontées de chapiteaux sculptés. Les chapiteaux sont ornés de feuilles plates, de volutes, de têtes et d'animaux.

Deux campagnes de construction peuvent être distinguées : la partie orientale doit être du début du XIIe siècle, et les deux travées occidentales du milieu ou de la fin de ce siècle.

Les piliers sont sur plan carré, flanqués de quatre colonnes dont les bases sont ornées de griffes. Le clocher daterait de la dernière campagne de travaux et est voûté sur arêtes avec nervures. La croisée qui porte le clocher a été remaniée au XVIe siècle. La porte principale est encadrée de trois archivoltes sur colonettes. Le portail sud avait un tympan primitivement peint d'une Crucifixion. L'église dépendait de la basilique prieurale de Souvigny.

Source : Ministère dela culture.

photo pour Eglise Saint-Martin

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 3165
  • item : Eglise Saint-Martin
  • Localisation :
    • Auvergne
    • Besson
  • Code INSEE commune : 3026
  • Code postal de la commune : 03210
  • Ordre dans la liste : 5
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 2 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 2e moitié 12e siècle
  • Date de protection : 1933/07/18 : classé MH
  • Date de versement : 1993/08/27

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'sculpture'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : Inscription 28 06 1927 (arrêté) annulée
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Photo : 12950197c380b2ac0aed3e69a10f2898.jpg
  • Détails : Eglise : classement par arrêté du 18 juillet 1933
  • Référence Mérimée : PA00093001

photo : Pascal-Jean Rebillat Photographies

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