Rempart médiéval de la ville de Vervins

Rempart médiéval de la ville de Vervins, encore visible de tous les côtés aujourd'hui, ceinturant toute la ville située sur un promontoire entre le Chertemps et un petit ruisseau obéré par la nationale.

Les savants ne sont point d'accord sur l'origine de Vervins, la principale ville de la petite province du Thiérache. Suivant quelques auteurs, sa fondation remonterait au temps où les Romains envahirent la Gaule; selon d'autres, elle ne serait pas aussi ancienne. Vervins n'aurait commencé à être connue que sous Chlodwig II; et c'est seulement vers la fin du XII siècle qu'un de ses seigneurs l'aurait élevée au rang de ville, en la faisant entourer d'une muraille flanquée de vingt-deux tours. Il existe encore de nombreux vestiges des premières fortifications de Vervins; et vus du pied de la colline sur laquelle la ville est bâtie, ces restes de remparts, de murs et de tours, couverts de lierre et de graminées, offrent un aspect fort pittoresque. La forme de la ville est à peu près triangulaire. On pénétrait dans l'intérieur par trois portes placées aux angles. Celle du nord était appelée Porte-des-Champs; celle du sud, Porte-à-l'Image; et celle de l'ouest, Porle de Marie. Des trois faubourgs, le plus important et le plus ancien est celui de la Basse-Ville. L'étymologie du nom de Vervins vient, dit-on, du latin verbena, verveine, plante qui croit en grande quantité dans le pays. Mais laissons là les conjectures des étymologistes et revenons aux faits. Vervins est indiquée sous le nom de Verbinum dans l'Itinéraire d'Antonin, dans la Table Théodosienne et dans la Géographie de Ptolémée. Elle se trouvait sur la voie romaine conduisant de Reims à Bavay, dont on voit encore quelques traces près d'Hary. En 1822, on y a trouvé des médailles en petit bronze de Constantin, presque toutes renfermées dans des vases antiques.

Un voile épais couvre l'histoire de Venins jusqu'au XIe siècle. On sait seulement qu'en 1096, son seigneur, Enguerrand de Coucy, prit la croix avec son fils et ses deux frères, et qu'ils suivirent tous les trois Godefroy de Bouillon en Palestine. Ces chevaliers se distinguèrent dans plusieurs combats. Surpris un jour par les Infidèles, et ne pouvant revêtir leurs cottes d'armes, qui se trouvaient loin d'eux, au milieu des bagages, ils coupèrent leurs manteaux d'écarlate fourrés de pannes de vair, et en distribuèrent les pièces aux nobles de leur suite pour en faire des bannières. Enguerrand prit pour armes ces pièces de drap rouge et de vair, qui restèrent à ses descendants comme un témoignage glorieux du courage de leurs ancêtres. La famille de Coucy, maîtresse d'un château redoutable, jouissait déjà au XIe siècle d'une grande illustration. Raoul Ier, un des seigneurs les plus magnifiques de son temps,avait un sénéchal, un chambellan, un bouteiller et un chancelier. En 1187, il donna entre La Fère et Vaudeuil un tournoi, auquel assistèrent de nombreux barons. Son neveu, Raoul, gouverneur de Coucy, fut le héros de cette terrible et touchante aventure que tout le moyen âge a répétée; il fut l'amant préféré de la dame de Fayel. Enguerrand III, fils de Raoul le Grand, construisit en 1205 le château dont les restes frappent encore nos regards d'admiration. Il suivit Louis VIII en Angleterre avec cinquante chevaliers entretenus à ses frais; pendant la minorité de Louis IX il se mit à la tête du parti contraire à la régente, et on songea un instant à le faire roi. Ses successeurs, devenus comtes de Guise, soutinrent dignement l'éclat du nom de Coucy jusqu'au XVe siècle, époque où leur domaine fut acheté par la famille d'Orléans. Vervins avait passé dès le XIIIe siècle sous l'autorité d'une autre branche des Coucy. Un frère d'Enguerrand III, Thomas de Marle, hérita de cette seigneurie, de son père Raoul; il joua un grand rôle dans l'histoire de Picardie, et forma la souche des seigneurs de Vervins. Thomas de Marle distingua ses armes par une bande d'or allant de droite à gauche, et ses successeurs conservèrent cette brisure jusqu'à l'extinction de la branche aînée des Coucy.

La ville de Vervins eut beaucoup à souffrir durant les guerres intestines des XVe, XVIe et XVIIe siècle. Elle tomba au pouvoir des Armagnacs en 1412. Un boucher qu'on avait banni pour ses démérites fit cacher pendant la nuit, près de l'une des portes des remparts, Clignet de Brabant, Thomas de Hersis, le seigneur de Bosqueaux et plusieurs autres gentilshommes, avec environ six cents combattants; le lendemain matin, au moment où l'on baissait les ponts, la troupe armée se précipita dans la place en faisant sonner la trompette et en criant: Vive le duc d'Orléans. Les habitants surpris ne purent se défendre; la ville fut livrée au pillage, et l'on enleva la vaisselle et l'argent de tous les bourgeois. Mais bientôt le bailli de Vermandois, Renaud de Coucy, et les communes des environs, vinrent investir Vervins ; quatre cents bassinets et six à huit mille piétons se trouvèrent réunis au pied des murs. Au bout de vingt-trois jours, les assiégés, voyant qu'une partie des fortifications était abattue et qu'ils ne pourraient soutenir l'assaut, profitèrent du moment où les assiégeants dînaient sous leurs tentes, pour ouvrir une des portes et se sauver dans un bois voisin. Plusieurs chefs saisis dans la ville furent décapités par ordre du bailli de Vermandois.

Le comte de Rœux à la tête de l'armée impériale, s'empara de Vervins en 1521, la mit au pillage et la brûla. L'incendie n'épargna qu'une seule maison située vis-à-vis le vieux château. En 1653, l'armée espagnole et les Lorrains commandés par Ferdinand de Salis, maréchal des batailles du roi catholique, le duc de Wurtemberg et le prince de Condé, qui était alors en pleine révolte contre la cour, mirent le siège devant cette ville, et s'en rendirent maîtres par capitulation, après quatre jours de résistance; mais le vicomte de Turenne reprit presque aussitôt et en fit sortir les troupes ennemies. C'est à Vervins que furent négociés les traités célèbres de 1475 et de 1598. Le premier, conclu entre Louis XI et Charles le Téméraire, est connu sous le nom de Trêves marchandes, parce qu'on y régla les intérêts commerciaux des deux états; le second, la paix de Vervins, eut pour bases le traité de Cateau-Cambraisis, et fut signé le 2 mai 1598. Le marquis de Bellièvre et Sillery, ministres plénipotentiaires de Henri IV; le président R H bardot, J.-B. Taxis et Louis Verrières, ambassadeurs de Philippe II, roi d'Espagne; le marquis de Luilin, envoyé par le duc de Savoie; le cardinal Alexandre de Médicis, légat du pape; et le père Bonaventure Catalagirone, général des Franciscains, assistèrent à ce congrès. Les négociations portèrent principalement sur la restitution des places de la Picardie qui avaient été prises par les Espagnols pendant la dernière guerre.

La loi de Vervins fut en grande réputation au moyen âge. C'était une charte de commune octroyée vers l'an 1123 à ses habitants par le fameux Thomas de Marle. Les peines réservées aux crimes et aux délits y étaient déterminées en même temps que les droits et les franchises des bourgeois. Ses dispositions avaient un tel renom de sagesse, que souvent les habitants des lieux voisins, et même ceux de la Flandre et du Hainaut, envoyaient consulter les échevins de Vervins lorsqu'ils ne pouvaient terminer leurs différends d'après leurs propres coutumes. La loi de Vervins n'existe plus; mais on croit que la plupart de ses articles ont été reproduits dans une charte de 1163, accordée par Raoul, seigneur de Coucy. On voit dans cette dernière charte que ni le seigneur ni son représentant ne pouvaient accuser un bourgeois de Vervins qui avait pour lui le témoignage des jurés; à défaut de l'attestation des jurés, le bourgeois se défendait en prêtant serment d'une seule main. Dans le cas du sang versé, l'accusé devait opposer aux accusateurs son propre serment et celui de six autres personnes; si le sang n'avait pas coulé, trois serments suffisaient. Enfin, celui qui avait mal parlé de la commune de Vervins, et qui était resté libre pendant un an et un jour, sous la caution de deux échevins, ne pouvait plus être inquiété; autrement il était obligé de s'appuyer du témoignage de sept personnes.

La principale église de Vervins, construite presque entièrement en grès, et placée sous l'invocation de la vierge Marie, est un bâtiment gothique de la forme d'une croix latine, et dont les voûtes ne sont point dépourvues de hardiesse. On y admire le Repas chez Simon, beau tableau du peintre Jouvenet, et une chaire d'un travail remarquable. Une inscription, placée au fronton de la facade de la maison de ville, consacre le souvenir du traité de 1598. Au nord est le vieux château, où les anciens seigneurs de Vervins faisaient leur résidence, et où sont installés aujourd'hui les tribunaux et le collége. Le château neuf, dont on attribue la construction à Jacques II, seigneur de Coucy (1560), est devenu l'hôtel de la sous préfecture. Vervins portait pour armes de gueules à trois tours d'argent crénelées, maçonnées de sable, celle du milieu dominant sur les autres, avec cette devise : "Dieu En Soit Garde". Parmi les personnages remarquables que Vervins a vus naître, nous citerons seulement Jacques ler et Jacques II de Coucy, dont nous avons déjà parlé dans cette notice. Le premier, injustement accusé d'avoir livré la ville de Boulogne aux Anglais, périt sur l'échafaud le 2 juin 1539; le second, qui vivait aussi dans le XVIe siècle, répara les fortifications de Vervins et reconstruisit l'église de la ville. Doué d'un caractère pacifique, ami des lettres et des arts, il s'appliqua à rassembler dans le château neuf une riche collection d'armes, de tableaux et de manuscrits d'un grand prix.

Source : Histoire des villes de France par Aristide Guilbert 1853.

photo pour Rempart médiéval de la ville de Vervins

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 2891
  • item : Rempart médiéval de la ville de Vervins
  • Localisation :
    • Aisne
    • Vervins
  • Code INSEE commune : 2789
  • Code postal de la commune : 02140
  • Ordre dans la liste : 74
  • Nom commun de la construction : 2 dénomiations sont utilisées pour définir cette construction :
    • fort
    • agglomération
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : moyen âge
  • Date de protection : 2003/03/17 : inscrit MH
  • Date de versement : 2004/07/12

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :3 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • enceinte
    • site archéologique
    • ARC
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers : 4 informations diverses sont disponibles :
    • propriété d'un établissement public de l'etat 2003
    • propriété de la commune
    • propriété du département
    • propriété privée
  • Photo : 95fecc144b7b7fa9335abfa861aaacb0.jpg
  • Détail :
    • Le rempart et les sols archéologiques situés sur les parcelles AB 47 à 55, 58, 59, 61 à 63, 65 à 69, 72, 84, 146, 180, 186, 188, 189, 193 à 195, 198, 199, 204, 208, 210, 211, 215 à 219, 221, 222, 224, 228, 229, 232, 236, 494, 600, 650 à 652, 671, 672, 683, 695 à 698, 714, 715, 754, 757 à 759, 761, 763, 791, 800, 826
    • AC 9 à 12, 194, 197, 198, 275, 447, 471, 473
    • AD 65, 67, 69, 72 à 77, 79 à 88, 97 à 100, 138 à 141, 144, 145, 147, 150 à 152, 305, 306, 320, 452, 453, 515, 516, 566, 586, 588, 681 : inscription par arrêté du 17 mars 2003
  • Référence Mérimée : PA02000051

photo : gb02140