Vervins, Vrevins, Vervinum, Verbinum.
On pense que l'origine de Vervins remonte à l'époque de l'occupation romaine. Il parait du moins certain que c'est elle qui est désignée dans l'Itinéraire d'Antonin sous le nom de Verbinvm. Pendant la guerre des Armagnacs et des Bourguignons, Vervins ayant embrassé le parti de ces derniers, les Orléanais gagnèrent un boucher qui leur livra une porte, par laquelle ils pénétrèrent dans la ville qu'ils livrèrent au pillage. Mais le seigneur de Vervins accourut, attaqua les Orléanais et les chassa avec une grande perte. Cette ville fut incendiée et de nouveau mise au pillage en 1552, par les troupes du comte de Rœux, et cinq ans après par les Espagnols. Un peu plus tard, sous la Ligue, Mayenne s'empara de Vervins ; mais le roi Henri IV accourut à son tour et en chassa les troupes ligueuses. Quelques années après, en 1598, cette ville fut choisie pour être le siège des conférences qui s'ouvrirent entre la France et l'Espagne, dans le but de traiter de la paix. Elle fut conclue le 2 mai de cette année et restitua à la France les villes de Calais, Ardres, Dourlens, Le Câtelet, La Capelle et autres places occupées par les Espagnols. Mais la guerre ayant de nouveau éclaté entre les deux états, les Espagnols s'emparèrent encore de Vervins en 1635. Quinze ans après, les mécontents leur livrèrent cette place. Le marquis de Castelnau l'ayant reprise l'année suivante pour le roi, les Espagnols revinrent au nombre de 4000 hommes avec trois pièces de canon, attaquèrent la ville qui se défendit vigoureusement, et mirent le feu aux faubourgs en se retirant. Ces mêmes Espagnols revinrent encore en 1653. Cette fois, ils s'emparèrent de Vervins ; mais peu de temps après, Turenne étant survenu avec des troupes nombreuses, ils se virent contraints d'abandonner définitivement cette place. En 1712, le partisan hollandais Growestein lui imposa une contribution de guerre de 25 000 livres. En 1759 et 1765, deux incendies causèrent de grands dommages à Vervins, le second surtout, qui ne consuma pas moins de 300 maisons. Vervins possédait autrefois une fabrique de bonneterie qui employait près de 200,000 livres de laines du pays ; la révolution française a ruiné cette industrie.
Les habitants de Vervins furent affranchis et institués en commune en 1163, par Raoul de Coucy, leur seigneur. La charte dressée à cette occasion, différait peu de celles dont nous avons déjà parlé. Elle instituait sept échevins pour rendre la justice, déterminait comme toujours les peines applicables aux délits et aux crimes les plus communs, réglait l'ordre des successions et concédait certains droits aux habitants, comme celui d'établir fours et moulins et de faire de la bière, sans payer de droits ; et cet autre plus important, de pouvoir quitter la ville à leur gré. Elle leur accordait encore le droit d'entrecours en déclarant qu'après un séjour d'un an et un jour dans ses murs, le serf étranger serait réputé affranchi. Enfin, elle leur permettait la chasse dans toute l'étendue du terroir de Vervins, sous la condition que la 4e partie du cerf et du sanglier appartiendrait au seigneur. En échange de ces concessions, les Vervinois s'engagèrent à contribuer de leurs deniers au rachat de ce même seigneur ou de son fils, s'ils venaient à être faits prisonniers à la guerre ; à le suivre à la défense de ses domaines, à leurs dépens le premier jour, aux siens les jours suivants ; et enfin, à lui payer chacun une rente annuelle de douze deniers lonisiens.
Thomas de Coucy, qui fut la souche d'une branche cadette de cette maison dont les membres gardèrent la seigneurie de Vervins pendant plus de trois siècles, Thomas de Coucy confirma ces franchises peu d'années après qu'il eut pris possession de ce domaine, c'est-à-dire vers 1228 (la charte porte par erreur la date de 1238), et y ajouta de nouvelles dispositions qui en étendirent encore les franchises, en expliquèrent les points obscurs ou sujets à contestation, et réglèrent une foule de détails négligés par la première charte. Ces additions en firent une sorte de petit code où se trouvait réuni tout ce qui concernait les rapports réciproques du seigneur et de ses vassaux, les règlements de police urbaine, l'action de la justice, les règles à suivre dans les successions, etc. La loi de Vervins devint dès lors un modèle qui fut imité dans beaucoup de lieux. Les comtes de Flandre, de Rethel, de Lille, de Douai et autres la donnèrent à leurs sujets. Baudoin, comte de Hainaut, en faisait un tel cas, qu'il la mit en dépôt dans la ville de la Bassée, d'où cette charte fut appelée indifféremment loi de Vervins ou de la Bassée. Cependant, des changements y furent apportés en 1573, par Jacques II de Coucy, seigneur de Vervins. Les échevins furent réduits à quatre, et la haute justice réservée au seigneur. Il institua un conseil de police et un conseil de ville dont faisaient partie six habitants élus chaque année. Le secours pécuniaire à lui donner dans le cas où il serait fait prisonnier, fut fixé à cent écus, et il abandonna le droit de tonlieu en échange de six muids d'usages et pâtures que lui cédèrent les habitants. La fabrication de la bière, libre jusque là, fut imposée, etc.
Vervins possédait autrefois une maladrerie. Son hôtel-Dieu fut fondé au XVIe siècle par Jacques II de Coucy , seigneur du lieu. Les biens de différentes maladreries voisines lui ont été réunis en 1693. Ses revenus s'élèvent maintenant à environ 9100 livres et il contient 16 lits pour les malades. Vervins possède aussi un petit collège dont la date de fondation est inconnue. Avant la révolution, on y voyait six compagnies bourgeoises de 25 hommes chacune, et une compagnie de la jeunesse, de 50 hommes. Il est surprenant que cette ville n'ait jamais possédé aucun de ces établissements religieux, chapitres, abbayes ou couvons, si nombreux partout ailleurs.
Indépendamment de plusieurs de ses seigneurs qui se sont rendus célèbres, Vervins a encore vu naître plusieurs personnages distingués. Gautier de Vervins est l'un des chefs de la première croisade. Gérard de Vervins, fameux docteur en théologie, devint pénitencier de l'église de Paris en 1361. Nicolas Grimbert fut évêque de Soissons en 1413. Nicolas de Vervins et Gobert Aleaume devinrent tous deux abbés de Thenailles, l'un au XVe siècle, l'autre au XVIe. Marc Lescarbot, avocat au Parlement de Paris, est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques ; mort en 1634. Louis de Vervins, archevêque de Narbonne, mourut en 1628. Louis-Godefroi-Henri Launois, maréchal de camp, se distingua dans la guerre d'Amérique. Enfin, Jean Debry, fameux conventionnel, est mort en 1838.
On a : Essais historiques sur la ville de Vervins, par Am. Piette, 1839; Notice historique sur Vervins, par Melleville, dans son Histoire de Coucy, 1848.
Ville de l'ancienne Thiérache, bâtie dans une plaine découverte, à 40 kilomètres au Nord de Laon, autrefois de l'intendance d'Amiens, des bailliage, élection et diocèse de Laon, aujourd'hui chef-lieu de canton et d'arrondissement, diocèse de Soissons.
Patronne, la Vierge.
Culture en 1760, 18 charrues, 50 arpents de prés, 2,000 arpents de bois.
Population :
Le domaine de Vervins entra, dès la fin du XIe siècle, dans la maison de Coucy, par le mariage d'Enguerrand Ier, sire de Coucy, avec Ade ou Alix, fille unique de Létard, premier seigneur de Vervins connu, frère d'Ebles , Cte de Roucy. Il devint ensuite l'apanage d'un puîné de cette maison dans le suivant.
Source : Dictionnaire historique, généalogique et géographique du département de l'Aisne par Maximilien Mellevill en 1857.