Ancienne abbaye Saint-Nicolas-des-Prés

Il est parfois intéressant de constater comme l'histoire se renouvelle sans apporter de grands changements. A la mémoire des lieux est associé une certaine mémoire des hommes et si celle des puissants porte souvent plu fort et plu loin que celle des petits il n'en demeure pas moins que, parfois, une voix contradictoire se fait entendre.

Le récit qui suit extrait des "mémoires d'un vilain du 14e siècle" (vilain qui écrivait le latin tout de même) met en scène Le père Augustin (peut être le rédacteur original) et son acolyte dans leur voyage qui les conduit a l'abbaye de Saint-Nicolas-des-Prés. Pour comprendre le contexte de cette publication j'ai incorporé la préface de l'ouvrage publié en 1820 qui met l'histoire dans le contexte.

La rigueur de ce texte pouvant être remise en question malgré l'évidente existence des faits relatés, j'ai poussé un peu plus loin les recherches pour voir si le contexte historique et géographique était respecté.

Il est évident que les distances entre les villes mentionnées permettent de confirmer la plausibilité de l'unité de lieu. Le "Cartulaire de l'abbaye de Saint-Michel en Thiérache" cité ensuite viendra, quant a lui, étayer la plausibilité des relations décrites dans ce récit et notamment la relation décrite entre l'abbaye Saint-Nicolas-des-Prés et l'abbaye Origny-Sainte-Benoite.

  • Titre : Mémoires d'un vilain du XIVe siècle, traduit d'un manuscrit de 1369
  • Auteur : Collin de Plancy, Jacques-Albin-Simon (1794-1881)
  • Éditeur : L'Huillier (Paris)
  • Date d'édition : 1820

abbaye de Saint-Nicolas-des-Prés
Armorial général de France
dressé en vertu de l'édit de 1696
par Charles d'Hozier

Mémoires d'un vilain du 14e siècle

Avant de commencer cette préface, je préviens; les femmes et les personnes nerveuses qu'elles feront bien de ne point lire cet ouvrage. Elles y trouveraient à-la vérité quelques épisodes, d'amour, de longs malheurs, des situations terribles, de l'intérêt peut-être, mais des choses trop révoltantes pour leur sensibilité, des aventures trop noires, des héros qui ne sont remarquables que par leurs misères et un courage impuissant.

Je ne me suis décidé à publier ces Mémoires, que pour fermer la bouche à ces imprudens apologistes du temps passé, qui ne voient rien d'admirable que ce qu'ils ne connaissent pas, et qui vantent les siècles de barbarie, parce, qu'ils sont au-dessous des siècles policés.

Je, dois dire ici comment cet ouvrage m'est tombé entre les mains. Messieurs les auteurs du Constitutionnel en ont déjà prévenu le public (le 19 juillet 1819). En cherchant, pour le Dictionnaire féodal, quelques-uns de ces tristes jurisconsultes dont les ouvrages ne se vendent plus qu'à la livre, je trouvai dans la boutique d'un épicier un cahier de parchemin, écrit en gothique; je jetai les yeux sur la première, page, j'y lus ce titre :

Annales et chronuica. vitoe Marcelli, miserrimi inter servos, ab anno 1312 ad annum 1369.

Je n'eus pas besoin, d'en voir davantage pour me persuader que le hasard venait de m'offrir une heureuse découverte. Je fis aisément l'acquisition de ce manuscrit, et je me suis à le lire. Il était écrit en mauvais latin, mais plein de faits et de détails qui peuvent éclaircir quelques passages de notre histoire.

Je cherchai à découvrir qui pouvait l'avoir conservé. Quelques lignes d'une écriture plus récente, tracées sur la dernière page, m'apprirent qu'il avait appartenu à une bibliothèque de, Bénédictins, ou sans doute on l'avais laissé sans le lire ; mais je ne sais point de quelle-maison de Saint Benoît ce manuscrit est passé dans une épicerie. Quoiqu'il en soit, je ne pensais point a le traduire. Des hommes de lettres, à qui j'en fis part, changèrent mes résolutions. On me représenta que, dans un moment où les hommes féodaux exaltent avec tant de hardiesse les bienfaits de l'ignorance et de la féodalité, un ouvrage comme celui-ci ne pourrait manquer d'être utile, en retraçant le tableau fidèle de ces temps misérables où la noblesse était tout, et le peuple rien, en montrant aux Français ce qu'ils ont perdu et ce qu'ils ont gagné sous le régime actuel. On me fit Remarquer aussi que ces Mémoires étaient un monument historique qu'il ne fallait point laisser perdre.

Je les livre donc aux méditations du public :

Nous nous arrêtâmes ce jour-là dans un petit couvent, près de Beauvoir, et le lendemain , nous nous rendîmes à l'abbaye de Ribemont. Le père Angustin y connaissait un moine qui le reçut à bras ouverts; mais quand il eut conté le motif de son voyage :

Ah! malheureux, lui dit le moine, gardez-vous de dire ici qui vous êtes, Notre abbé est un hypocrite infâme, qui vous renverrait pieds et poings liés à votre évêque. Les moines avec qui je suis obligé de passer mes jours, s'abandonnent aux plus grands désordres. Un monastère de femmes, qu'ils dirigent à une demi-lieue d'ici , ne suffit pas à leurs déréglemens; ils exigent encore le droit de cuissage sur toutes les femmes de leurs serfs ; et, bien plus.... Mais je ne veux pas effrayer votre esprit par des peintures si révoltantes. Sachez seulement que nos évêques ferment les yeux sur la conduite que l'on tient ici, parce qu'ils marchent dans les mêmes voies, et parce que l'abbé a pour eux la soumission et les complaisances les plus méprisables. Faites qu'on vous prenne pour un moine flamand en voyage. Passez la nuit dans cette maison, et partez demain pour la Champagne, où vous trouverez plus de sécurité.

Le père Augustin suivit les conseils de son ami, et le soir même il eut une preuve des débordements de cette maison. Un paysan, serf de l'abbaye, venait de se marier. Il amena sa femme devant l'abbé, pour qu'il vît s'il voulait prendre sur elle le droit du seigneur. La jeune épouse n'était point belle ; ses charmes ne tentèrent pas l'abbé, qui s'était d'ailleurs fatigué quelque peu la nuit précédente. Il dit donc au paysan :

Je te laisse le plaisir d'enlever toi-même les prémices de ta femme ; mais auparavant il faut que tu te dépouilles absolument nu, et que tu restes deux heures assis dans l'étang bourbeux de notre basse-cour.

Le pauvre époux n'osa répliquer, il obéit en silence ; et cependant l'abbé, qui avait retenu la jeune femme auprès de lui, dit à ses moines qu'il la leur cédait. Un de ces misérables proposa aussitôt de la conduire au moine flamand. Ce généreux avis fut adopté ; mais le père Augustin, qui n'avait pas voulu voir cette femme, répondit qu'il était trop vieux pour songer encore à de pareilles choses, et que si on voulait lui céder la jeune épouse, il la renvoyait intacte à son mari.

Non pas, dit un vieux paillard, il ne faut pas gâter ces gens-là ; moi je m'en accommode !.... et alors il emmena la paysanne dans sa cellule, où, bon gré mal gré, il se coucha une heure avec elle.

Le père Augustin se leva à quatre heures du matin. Nous vivons dans un siècle bien malheureux , et dans un pays d'abomination, me dit-il ; partons , mon fils. Nous trouverons peut-être ailleurs moins d'excès d'un côté, moins de misères de l'autre.

Cartulaire de l'abbaye de Saint-Michel en Thiérache

  • Titre : Cartulaire de l'abbaye de Saint-Michel en Thiérache
  • Éditeur : impr. du "Journal de Vervins" (Vervins)
  • Date d'édition : 1883
  • Contributeur : Piette, Amédée (1808-1883).Éditeur scientifique

De quatorze jalois de blé a prendre sur la grange de l'abbaye de Saint-Nicolas-des-prés à la Hérie

1179. Willaume, abbé de Saint-Michel, de sarto, déclare que l'abbaye de Saint-Nicolas-des-Prés (Saint-Nicolas-des-Prés. Abbaye de l'ordre de saint Benoît fondée vers 1085, au bord de l'Oise, sur le territoire de Ribemont) doit à son monastère une rente de quatorze jalois de froment pour cession de diverses portions de terrain, savoir : quatre jalois pour trois petits jardins dont l'un est situé dans la cour (ferme) même de Le Hérie, et les deux autres en dehors de la dite cour, et dix jalois pour dés portions de terre qui faisaient partie de la dot de l'autel de Le Hérie. La redevance se paiera entre les mains des religieux de Saint-Michel au jour de la fête de saint André. Fait en l'an 1179.

Lettre de l'Abesse d'Origny * au sujet des experts choisis pour mette fin aux démêlés qu'elle a avec l'abbé de Saint-Michel

1259. E. abbesse d'Origny, déclare que si les deux arbitres choisis pour mettre un terme au différend qui existait entre elle et l'abbé de Saint-Michel, au sujet des dîmes de sa cour de Lerzy, ne pouvaient s'entendre, les parties ont fait choix de l'abbé de Saint-Nicolas-sous-Ribemont comme tiers expert. Le jugement devra être rendu avant la fête de saint Jean-Baptiste. Fait l'an 1259, au mois de mars.

* Origny-Sainte-Benoite. commune du canton de Ribemont, ancienne abbaye de Bénédictines établie vers 854

De la société de Saint-Michel avec l'Abbaye de Saint Nicolas de Ribemont

Entraînées par un sentiment de charité mutuelle les églises de Saint-Michel et de Saint-Nicolas-sous-Ribemont, du consentement de leurs chapitres, font entre elles une société à la vie et à la mort (tam in vitâ quam in morte); il est convenu que si un moine de Saint-Nicolas, soit par un sentiment de religion, soit à cause de tracasserie et d'oppression voulait se retirer pour quelque temps dans l'abbaye de Saint-Michel, il y sera reçu et participera tant au chapitre qu'à toutes les choses communes de la maison, jusqu'à ce qu'il soit réclamé en paix et sécurité par son abbé, à moins qu'il ne soit accusé de vol, où d'opinions mauvaises (exceptâ vel furti vel prave opinionis culpâ). On priera dans chaque monastère pour les religieux décédés dans l'autre, trente messes pour un abbé, sept pour un moine et trois pour chaque prêtre (et a singulis sacerdotibus ires missas). (Sans date)

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 2519
  • item : Ancienne abbaye Saint-Nicolas-des-Prés
  • Localisation :
    • Aisne
    • Ribemont
  • Code INSEE commune : 2648
  • Code postal de la commune : 02240
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : abbaye
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction : 4 différentes époques marquent l'histoire du lieu.
    • 12e siècle
    • 13e siècle
    • 17e siècle
    • 19e siècle
  • Date de protection : 1982/10/11 : inscrit MH partiellement
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • Le décor est composé de : 'ferronnerie'
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :9 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • escalier
    • élévation
    • toiture
    • galerie
    • cloître
    • bâtiment conventuel
    • église
    • pignon
    • bâtiment
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détail :
    • Façades et toitures des bâtiments conventuels subsistants
    • la galerie du cloître
    • les vestiges du pignon Sud de l' église abbatiale
    • l' escalier avec sa rampe en fer forgé. (cad. B 345, feuille numéro 1) : inscription par arrêté du 11 octobre 1982
  • Référence Mérimée : PA00115887

photo : webmaster