Eglise

L'un des plus beaux monuments religieux de l'arrondissement de Château-Thierry menace ruine, et il est de notre devoir de jeter le premier mot d'alarme. Je veux parler de l'église de Mézy-Moulins dont on a fait je ne sais combien de notices; les architectes, les archéologues les plus distingués s'en sont occupés successivement; tout cela, jusqu'ici, n'a encore abouti à rien, et le temps, les saisons et l'insouciance marchent leur train dans la voie de destruction. Il est bientôt temps de songer sérieusement à quelque chose pour ce curieux édifice. Voici l'état dans lequel je l'ai trouvé il y a un mois environ.

Cette église, sans transept, dans le style du XIII^e siècle, modèle unique dans tout ce pays d'une église de village, ornée d'une galerie dans toute sa longueur, depuis le sanctuaire octogone jusqu'à la rosace du portail, je l'ai vue dans l'état le plus lamentable. Les oiseaux de nuit viennent, de toutes paris, y élire domicile. Dans ce pauvre monument, plus de vitres aux fenêtres; de tous côtés, le vent, la pluie, la neige y pénètrent en compagnie des oiseaux de toute espère, et viennent dégrader cette intéressante église sur laquelle j'ose vous prier de porter votre sollicitude. Ma réclamation devient urgente; car aux misères intérieures de cette église, si riche d'architecture, se joignent aujourd'hui des lézardes profondes, multipliées, qui se prononcent dans plusieurs parties de la voûte principale. Le mur nord de la nef parait déverser sur les arcs boutants, et il s'écarte des voûtes d'une façon très-alarmante. Je crois donc qu'il est temps de porter à ces grands maux de grands remèdes, et qu'il serait nécessaire d'appeler l'attention de l'autorité sur un pareil état de choses.

Que les communes de Mézy-Moulins votent ce qu'elles peuvent et doivent pour les réparations si indispensables de leur église, le ministre des cultes pourra donner un secours à un édifice religieux qui menace d'écraser ceux qui pourraient venir à l'église. Le ministère de l'intérieur, de son côté, ne peut manquer de venir en aide à la consolidation d'un monument important dont il possède les plans, les vues et la notice.

Au reste, le mal n'est pas sans remède, bien qu'il soit déjà grand; on a sauvé des monuments qui étaient encore plus détériorés. Avec du courage, de la bonne volonté, de la persévérance, on viendra facilement a bout de conserver ce monument. Les tirants en fer, chauffés à blanc, resserreront ces voûtes disjointes; un peu d'argent fermera les fenêtres et le reste.

Mais que feront Mézy-Moulins, que fera l'Etat; c'est de cette question, il me semble, qu'il serait bon de nous inquiéter. Il serait surtout important que M. l'architecte du département, qui a du envoyer des plans, devis, vues, notice de ce monument au ministère de l'intérieur, voulût bien presser cette restauration auprès du conseil municipal et des ministres qui accorderaient sans doute quelques secours.

Vraiment, quand nos pères nous ont laissé de si beaux monuments de leur piété, il y a de la bon te à leurs enfants de les laisser périr./p>

Source : Société historique et scientifique de Soissons en 1849.