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En remontant le cours de l'Aisne, à peu de distance de Soissons, on aperçoit un joli village au clocher effilé qui, à flanc de coteau, domine l'agglomération. C'est Bucy-le-long. Cette flèche coiffe l'église paroissiale qui comporte une nef d'origine romane, prolongée par un chœur à cinq pans du XVIe siècle. Cet ensemble fortement remanié à partir de 1820 possède dans le bras nord du transept, deux fenêtres ogivales. L'une d'elles tournée vers l'est, conserve un superbe vitrail de la Renaissance ; c'est le seul spécimen qui subsiste d'un décor autrefois plus abondant. En 1914, avant la première guerre mondiale, on voyait encore dans d'autres fenêtres, les vestiges d'un saint Martin, patron de la paroisse et ceux d'un couronnement de la Vierge, le tout accompagné de petits paysages finement dessinés dans le lointain qui laissait entendre que l'ensemble appartenait au XVIe siècle.
Bucy-le-Long, anciennement Buciacum, Buscit, parfois Bucy-en-Soisonnais (1378), village de 938 habitants dans le Soissonnois, au pied d'une colline le long de la rive droite de l'Aisne. Succursale des doyenné et canton de Vailly, avec Vregny pour annexe. Patron Saint Martin (11 Novembre).
Importante église située au-dessus du village. La nef date du XIIe siècle. Le transept, le clocher et le chevet avec leurs verrières, mal restaurées au XIXe siècle (1820 source : Géographie du département de l'Aisne), datent des XVe et XVIe siècles. L'église a du être restaurée après la Grande Guerre (source ministère de la culture).
La famille Quinquet est une des plus anciennes familles bourgeoises du Soissonnais, les noms de plusieurs de ses membres se retrouvent inscrits sur des pierres tumulaires dans plusieurs églises du pays et notamment sur le magnifique vitrail de Bucy-le-Long. On peut noter que cette famille est à l'origine d'un remarquable arbre de Jessé, porté par ce magnifique vitrail du XVe siècle (1557) donné par cette ancienne famille.
L'ouvrage "Notre-Dame de France" de André Jean Marie Hamon (publié en 1865), nous en apprend un peut plus sur ce vitrail : Bucy-le-Long possède, sur une verrière, l'arbre de Jessé le plus magnifique du diocèse : il est accompagné de trèfles ou de quatre feuilles représentant : l'Annonciation, la Visitation, la Naissance de l'Enfant-Dieu, l'Adoration des Mages, la Fuite en Égypte, et quatre anges qui semblent agiter un encensoir.
Il faut toutefois consulter la notice qui lui est dédiée dans une bulletin de la société archéologique de Soisson pour apprendre que Mathieu Bléville était l'auteur du vitrail de Bucy-le-long. D'après la technique de l'œuvre, Jean Lafond l'avait supposé mais il n’avait pu en recueillir la certitude n'ayant eu sous les yeux que la photographie, et jusqu'alors, la paternité du vitrail était restée inconnue. Nous sommes heureux d'avoir découvert la signature de ce maître-peintre dissimulée dans le revers de la manche de "Josias", tout comme Lafond la déchiffra à Notre-Dame de La Ferté-Milon dans le Portement de croix, dans la bride d'un cheval, et comme on la lit sur le harnachement encore d"un cheval tombé dans la "Bataille de Clavijo" à Notre-Dame en Vaux de Châlons-sur-Marne. Comme le souligne Lafond dans sa découverte, nous reprendrons ses termes en disant notre joie "d’ajouter le vitrail de Bucy au catalogue de l'œuvre de Mathieu Bléville".
La plus ancienne description de cette verrière semble avoir été donnée par Descamps en 1850 et en ces termes :
"Baie ogivale divisée en 4 parties par 3 meneaux prismatiques terminés par le bas par une petite base, et se bifurquant par le haut de manière à former 6 cœurs placés de cette sorte : 3 - 2 et 1, ce dernier termine nécessairement l'ogive principale. Cette verrière représente l'arbre généalogique de la Sainte-Vierge. Le bas est une espèce de portique formé par des piliers carrés de la Renaissance, au milieu de ce vestibule est étendu sur un lit de pourpre, Jessé le père de cette race illustre, revêtu d'ornements royaux et accosté de 4 religieux à genoux, les mains jointes. De la poitrine de Jessé s'élève l'arbre généalogique sur les branches duquel sont perchés, assis ou debout dans des attitudes variées, revêtus d'habits magnifiques, portant une couronne, les rois ancêtres au nombre de 12. Dans les cœurs formés par la division des meneaux, on remarque les mystères de la vie de la Vierge. Dans les divisions des meneaux des autres fenêtres, il y a encore des vitraux peints, un saint Martin, un couronnement d'évêques, des paysages."
Source : Une grande partie de l'histoire du vitrail est tirée d'un bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soisson.