Ancien château

Bazoches, quoique situé dans une vallée, se présente bien ; les tours nombreuses qui environnent encore l'enceinte de son château-fort annoncent une localité jadis importante par ses souvenirs et qui a dû jouer un rôle dans les annales du Soissonnais.

Bazoches, en effet, d'après nos anciennes chroniques, était placé à peu de distance de la chaussée romaine qui, de Reims se dirigeait sur Soissons par Braine. C'est dans ce lieu qu'existaient, dit-on, des greniers publics pour les Humains et que vivaient saint Rufin et saint Valère, apôtres de cette contrée, martyrisés sous le préfet Varus, qui persécutait les chrétiens. On rapporte que les deux saints, pour échapper à la rage du tyran, se cachèrent d'abord dans une grotte pratiquée sans doute dans le flanc de la montagne, au nord de Bazoches et près de la chaussée romaine. Mais ayant été découverts par les émissaires de Rictiovare , ils avaient été décapités.

Les historiens ne sont pas d'accord sur le lieu de l'exécution : les uns le placent à Quincampoix, sur les bords de la petite rivière de Vesle ; les autres sur la place même du château de Bazoches, auprès d'un souterrain à demi-comblé qu'on voyait encore à cent mètres environ de la Vesle.

Après le supplice, les corps des deux saints personnages furent jetés dans une espèce de cloaque ou citerne, qu'on montre encore dans le jardin du château, près d'une petite fontaine qui vient de tarir à cause de la grande sécheresse. Mais les fidèles enlevèrent ces précieux restes, pendant la nuit, pour leur donner une sépulture honorable, très-probablement non loin du lien de leur supplice, puisque, sous le règne de Constantin, en éleva d'abord un oratoire sur leur sépulture. On suppose que Bazoches emprunta son nom de cette circonstance, Basilica voulant dire Bazoches. Cette chapelle aurait été renouvelée et agrandie, au 6e siècle, par saint Loup, évêque de Soissons, qui y forma un chapitre de soixante-douze clercs, en mémoire des soixante douze disciples de Jésus-Christ. Ce chapitre existait encore au temps de Frodoard, au 10e siècle. On croit que les reliques de saint Rufin et de saint Valère ont été exhumées au 7e siècle, pour être exposées à la vénération publique.

La première translation de ces reliques se fit, en 882, à l'approche des Normands. Elles furent déposées, pendant deux ans, dans l'église de Saint-Pierre de Reims, d'où elles lurent rapportées en 884. En 937, la crainte des Hongrois les fit de nouveau transporter à Soissons, où l'une des deux châsses fut conservée jusqu'en 1567, époque à laquelle elle fut brûlée, avec les autres reliques de la cathédrale, par les Huguenots. Celle qui était restée à Bazoches fut envoyée à Reims en 1560, mais elle fut de nouveau transportée à l'abbaye de Saint-Paul de Soissons, puis à la cathédrale, en 1617.

La collégiale de saint Rufiu et de saint Valère, située dans l'enceinte murée, a complètement disparu: une place, plantée d'arbres, indique seule le lieu qu'elle occupait. Le chapitre fut d'abord composé de chanoines séculiers, puis les religieux de Marmoutiers leur succédèrent en 1136.

La seigneurie de Bazoches appartenait, dans l'origine, aux archevêques de Reims, qui en avaient fait don aux évêques de Soissons. Ces derniers y avaient établi un manoir épiscopal dont ils confièrent la défense à des chevaliers qui prirent le titre de seigneurs de Bazoches, quoique vassaux de l'évêque. Le châtelain de Bazoches était l'un des quatre fieffés (Casati) qui portaient le prélat à sa première entrée solennelle dans la ville de Soissons.

Fatigués des déprédations continuelles que, dans les temps de troubles, les ennemis faisaient sur leurs terres , les évêques de Soissons donnèrent en fief leur domaine de Bazoches à des gentilshommes sortis de la puissante maison de Châtillon.

Duchesue raconte que, dès 909, Eudes reçut de son frère Herivée, archevêque de Reims, les terres de Bazoches et de Châtillon, qu'il tenait de l'église de Reims dont il était bénéficier, avec l'obligation de les défendre contre les attaques des Normands. Les Milon, les Gervais, les Gui, les Nicolas, les Robert et les Gaucher de Bazoches, sont trop connus pour que nous en parlions ici. Cette famille a fourni plusieurs prélats distingués à l'église, eutr'aulres les deux Milon , l'un abbé de Saint-Médard et l'autre évêque de Soissons.

Le château de Bazoches est encore aujourd'hui, malgré son état de ruine, un édifice considérable; il se compose d'une vaste enceinte défendue par un large fossé et flanquée de tours de distance en distance. On y pénétrait par deux portes fortifiées, accompagnées de tours, l'une au nord, l'autre au couchant. Au centre se trouvait le château ou donjon, formant un carré presque régulier, environné de murs et de neuf grosses tours placées aux angles, au milieu des courtines et à l'entrée des portes. Ces tours en grès se terminent en talus ; le couronnement a disparu. Au-dessous existent des caves ou souterrains remplis de décombres.

Cet édifiée militaire paraît remonter au 12e siècle, à l'exception d'une tour saillante placée près de la porte et faisant suite à un corps-de-garde; on pourrait fixer cette construction au 15e ou même au 16e siècle.

Notre Soissonnais est encore bien riche eu châteaux fortifiés de ce genre : Armentières, Passy-en-Valois, Nesles-en-Tardenois, sont bâtis comme Bazoches, en rase campagne, et pouvaient être inondés.

L'histoire nous a conservé peu de faits historiques intéressant le château de Bazoches. On sait seulement qu'en 1650, l'archiduc d'Autriche, Léopold Guillaume, plaça son quartier-général au château de Bazoches, et que le duc de Lorraine quitta et occupa, à quatre reprises différentes, la plaine qui l'avoisine.

Source : Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons 1858.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 768
  • item : Ancien château
  • Localisation :
    • Aisne
    • Bazoches-sur-Vesles
  • Code INSEE commune : 2054
  • Code postal de la commune : 02220
  • Ordre dans la liste : 1
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : château
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • La construction date principalement de la période : 13e siècle
  • Date de protection : 1927/06/28 : inscrit MH partiellement
  • Date de versement : 1993/12/03

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :2 éléments font l'objet d'une protection dans cette construction :
    • tour
    • enceinte
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété d'une personne privée 1992
  • Détails : Restes de l' enceinte : inscription par arrêté du 28 juin 1927
  • Référence Mérimée : PA00115520

photo : CHRISTIAN

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